CATHERINE AIMAIT FRED ET FRED LE LUI RENDAIT SI BIEN QU’À LA FIN… ÇA NOUS PLAISAIT BIEN

CATHERINE AIMAIT FRED ET FRED LE LUI RENDAIT SI BIEN QU’À LA FIN… ÇA NOUS PLAISAIT BIEN

Image retirée.

Billet d’humeur

 

On a dit tant de mal de ma génération - celle des années 80’ - que c’en était presque distrayant. On la disait droguée, dorée sur tranche, Jack Languisée, futile et lookée. Une génération entière d’écervelés qui, du Palace aux Bains, ne faisait que danser sur le volcan d’un pays sur le déclin. Une génération futile qui s’est employée à gaspiller les quelques miettes d’Etat Providence qui restaient. Et nous voilà depuis au purgatoire des sociologues, encore soupçonnés, presque trente ans après, de n’avoir été que des nihilistes X-tasiés, des fauteurs de Sida et des clubbers invétérés…

Voilà donc une semaine que je réfléchis à ce que j’ai bien envie d’écrire sur la disparition de Fred Chichin qui, avec sa compagne Catherine Ringer, incarnait parfaitement ces années-là: c’était Les Rita …Les Rita Mitsouko quoi !

Un peu partout les hommages pleuvent et à bien écouter, rien de plus à ajouter : ils étaient deux, ils étaient un, leur musique nous parlait et leurs mots sonnaient. Drôles de zozos pourtant que ces cocos-là: Lui authentique Valentin le Désossé, absinthe en moins mais chasse au dragon en plus ; Elle, comme une tempête, sa poulette toute en satin/toute en rayonne, son aimée déjantée aux textes qui cognent et à la voix qui porte.

Ils ne s’en sont jamais caché : avant d’être deux, ils avaient été moins que rien à ce qu’ils disaient. Les deux P qui font Peur: Porno pour elle, Prison pour lui. Pourtant, dès 1982 le groupe Téléphone a pu aller se rhabiller (c’est d’ailleurs ce qu’il a fait en 86) quand on a commencé à les voir en concert. Parole de scout ska, ils déménageaient déjà comme aucun groupe ne l’avait fait. En 1985, de Fécamp à Foix, c’est toute la France qui attrapait à son tour la Mitsouko Mania en prenant le cancer de Marcia sous son bras. Et c’était parti.

Avec des jambes aiguisées comme des couperets nous avons pris le Petit Train de la Shoah qui s’en va dans la campagne, nous avons appelé Andy à pleine voix, prié le serpent qui chaloupe et console, su que Michel aimait Gérard, qu’il Y’a de la Haine et que les Histoires d’Amour finissent mal en général. Pourtant, ils ne se sont jamais quittés… et si le 28 novembre ça s’est mal terminé, c’est uniquement parce que C’est la mort qui l’a emporté. Ironie du sort, c’est bien sûr le cancer qui l’a assassiné.

Aujourd’hui, c’est toute une génération qui lui rend hommage car que croyez-vous ? Que nous nous sommes évaporés à force de transpirer sur les pistes noires de préférence quand le démon de la danse… Et bien non ! Nous avons fait notre petit bout de chemin de dandies à la Mondino, de mauvais élèves des grandes idéologies rouges roses vertes noires ou jaunes, de fossoyeurs du Mai 68 de nos parents et de la culture baba. Les babas Pouah !

Avec les Mitsouko, durant toutes ces années, nous avons simplement continué à danser de tout et avec tout le monde quand ça nous chantait.

C’était eux, c’était nous, cette façon de dire ludique mais jamais cynique, cet univers dézingué qui se balançait sur des sons métissés. Et Même si, Même s’il disparaissait ce couple à égalité, parions qu’un de ces quatre, une autre génération, une autre jeunesse française ou européenne, ira nous les ressusciter.

C’est comme ça Lalala, Lala !

 

 

Marie-Pia Garnier

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