Cartes postales sonores de Budapest

Cartes postales sonores de Budapest

Budapest Parcours

Par Emmanuelle Sacchet et l’œil regarde

Que reste-t-il d’un voyage si ce n’est de l’image ? Bien sûr, une odeur emprisonnée quelques heures dans les mailles d’un pull ou le soufflet d’une valise nous transporteront presque plus. Mais qu’en est-il des bruits, des sons ? L’immense gamme sonore que compose une ville est souvent passée sous silence pour le coup. Et si l’on «parle» si peu d’espace sonore, c’est sans doute que l’on a peur que notre sacro-sainte civilisation de l’œil soit entachée. Et c’est Blaise Cendrars qui l’a dit le premier. Au sujet de la radio, il y a bien longtemps.

Et à propos de radio, l’inénarrable audio blog d’Arte radio mérite plus qu’un détour, un voyage. Créations sonores, journaux intimes, documentaires, poésies, fictions, reportages, témoignages et bruits pas sages : des centaines de fichiers audio y sont déposés par des particuliers. C’est à écouter librement ou au hasard, une touche aléatoire ayant été inventée.

Miracle de générosité que ce diffuseur d’ambiances culturelles ! Un rayon carte postale m’a embarquée une après-midi de chien dans la circulation de Bucarest, sous une pluie d’été à Lisbonne, au kung-fu dans un square de Pékin, sur le Stromboli de Rossellini, dans une virée en 4x4 au Niger avec de la musique touareg à fond dans le radio-K7, à la foire du trône à Paris et au port de Marseille. Des sons 100% sans sous-titres. La belle voix d’Arte m’avait prévenue : Des cartes postales sonores pour rêver les yeux fermés.

Evidemment, difficile d’en faire autant dans un journal en papier. Qu’importe, les images hongroises de l’œil regarde font du bruit, pour peu qu’on s’y attache. Ecoutez voir :

Image retirée.

Le calme de l’entre deux métros. Le souffle puissant et feutré du prochain. L’annonce désincarnée de la station következö. Le claquement sec des portes qui se referment. Le journal froissé d’une lecture hachée. Un néon qui grésille. Les escalators en continu. Les contrôles des billets. La rareté des dialogues échangés.

Image retirée.

 

Le démarrage des voitures au feu vert. Les oiseaux qui chantent au petit cimetière. Les touristes du samedi dépités devant la grille fermée de la synagogue. Le rabatteur des baskets à 1000 forints du magasin du coin. Les travaux de l’immeuble en face. La sirène américaine de la police. Un vent doux dans les cheveux.

Image retirée.

 

Pluie douce et intermittence des essuies glaces. Bartók Rádió qui fait patienter le ronronnement des moteurs embouteillés. Le bord du fleuve est invisible, insonore. Mais quel est le son du Danube ?

Image retirée.

 

Les travailleurs de la route satisfaits s’en retournent dans leurs gros engins nauséabonds. Quelques klaxons pour la forme. Des gamins tapent dans une balle. Une conversation unilatérale à un téléphone portable. Une pétarade de Trabant.

Image retirée.

(En chœur)

Bénis le Hongrois, Ô Seigneur,

Fais qu'il soit heureux et prospère,

Tends vers lui ton bras protecteur

Quand il affronte l'adversaire!

Donne à qui fut longtemps broyé,

Des jours paisibles et sans peine;

Ce peuple a largement payé

Pour les temps passés ou à venir.

Image retirée.

Du Szóda kert aux chaumières de Buda, on l’a colporté : la petite Camille a transporté la librairie LATITUDES de l’Institut Français à Wesselényi utca 11 le 18 mars 2008 à 18h.

Qu’une bonne oreille hongroise songe à truffer Arte radio, Budapest est encore inconnue au bataillon de leurs ondes. A bon entendeur salut !

www.arteradio.com

www.loeilregarde.com

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