Budapest, station estivale (et de festivals) à découvrir en été
Le phénomène est bien connu, quitte à en devenir un lieu commun : déserté par ses habitants, Paris est pratiquement vide au mois d´août. Du moins dans ses quartiers résidentiels. Au point que quiconque - inconscient ou téméraire ? - ne pourra se passer de sa baguette quotidienne, se verra imposer un véritable parcours du combattant pour trouver une boulangerie ouverte…. Dans les zones résidentielles, donc. Quant aux centres touristiques, rien de tel, si cela vous dit, pour aller y pratiquer vos connaissances d´anglais, de russe ou de japonais. Mais de compatriotes, vous en trouverez bien peu en cette période…
Face à cela, qu´en est-il à Budapest au mois d´août ? Certes, également idéal pour pratiquer vos connaissances des langues précitées (ou encore ne pas oublier votre français…). Mais aussi recommandé pour qui voudrait s´initier au hongrois. Car, contrairement à Paris, Budapest demeure une ville animée tout l´été. Certes, fréquentée par une foule de plus en plus nombreuse de touristes, mais sans pour autant être désertée par ses habitants. Il est vrai que les Hongrois eux-mêmes qualifient cette période de „saison creuse”, par le terme curieux de „saison des cornichons” („uborkaszezon”) (1). Il est tout aussi vrai que beaucoup quittent alors la capitale pour aller se détendre sur les bords du Balaton ou - devenue à la mode - sur la côte croate. Malgré tout, la ville n´en est pas pour autant désertée.
Parmi les explications possibles, au-delà des différences de revenus : un besoin moins impérieux d´aller se mettre au vert, beaucoup de familles - même dans les milieux modestes – disposant d´une maison avec jardin. De taille souvent modeste, certes, mais suffisant pour y trouver un peu de détente et de calme en restant chez soi. Notamment dans les banlieues de Pest où ce type d´habitat se reproduit pratiquement à l´infini. On pourra également évoquer cette immense réserve de verdure que constituent les collines de Buda couvertes de forêts qui s´étalent sur de grandes distances, paradis des promeneurs et des randonneurs. Autres buts de promenade, l´île Marguerite et le Bois de la Ville (Városliget), ce dernier toutefois sans rapport avec nos Bois de Boulogne ou de Vincennes.
Autre bonne raison de ne pas délaisser Budapest en cette période : les nombreuses animations organisées tout le long de l´été. Ne pouvant en dresser ici un inventaire complet, nous nous bornerons à en citer quelques exemples. Tout d´abord, ce fameux Festival Sziget („Festival en l´Île”) qui, depuis 26 ans se tient chaque année à la mi-août sur une île du Danube. Désormais reconnu comme le plus important en Europe, il rassemble près de mille artistes venus de tous les coins du monde (plus de 60 pays) pour s´y produire sept jours durant devant un jeune public tout aussi international. Avec cette année plus de 550 000 visiteurs. Résumé sous le titre de „Musiques du monde”, un genre difficile à définir réunissant tout autant la musique pop ou techno que le théâtre ou encore le cirque. Avec, paraît-il, les meilleurs groupes en vogue. En dehors de la manifestation proprement dite, imaginez par ailleurs ces dizaines de milliers de jeunes venus d´un peu partout se répandre le soir en ville pour y fréquenter les innombrables lieux de distraction, discos, ruin pubs et autres, qui ne manquent pas. Sans compter que beaucoup profitent de leur venue pour prolonger leur séjour et faire un brin de tourisme.
Autre manifestation d´envergure, le Festival d´Été de Budapest (Nyári Fesztivál) qui, de juin à fin août, propose une kyrielle de spectacles en plein air, allant de la variété à l´opéra en passant par la danse et le folklore (2). Et toujours de qualité, avec la venue d´artistes étrangers réputés sur la scène internationale. Ou encore le Festival culturel juif (Zsidó Kulturális Fesztivál) qui, sur la dernière semaine d´août, propose au public plus d´une vingtaine de concerts et spectacles.
Comme on voit, Budapest est loin d´être une ville morte l´été, bien au contraire. A quoi on ajoutera un climat généralement favorable, bien que chaud, voire très chaud, mais sec et ensoleillé. Et, pour vous détendre entre deux sorties, rien de tel que d´aller vous plonger dans l´un de ces délicieux bains thermaux dont la ville regorge.
Autant de raisons pour venir faire un saut l´été prochain si le cœur vous en dit (3). Le déplacement en vaut la peine !
Pierre Waline
(1) :calquée sur l´allemand „Sauergurkenzeit” , cette expression désigne la période de mûrissement du concombre et de préparation des cornichons. Généralisée dans le langage courant, elle est utilisée pour désigner la période censée ralentie de l´été.
(2) : avec, pour ne citer que trois exemples cette année : Rigoletto ou L’Elixir d´Amour ou encore la venue du Ballet Béjart de Lausanne.
(3) : un tuyau : sachant nos compatriotes généralement épris de Vienne, pourquoi ne pas profiter d´un séjour là-bas pour venir faire un saut : 2h30 de train, à prix attractifs. Alors ?
- 1 vue