Budapest : le livre à nouveau fêté en vedette
89ème Semaine du livre *
Qui va encore nous faire croire que le livre est mort, tué par internet ? Rassurez-vous, le livre se porte bien et a encore de beaux jours devant lui. Pour preuve les succès remportés par les innombrables salons dont il fait l'objet un peu partout dans le monde **. Budapest n'étant pas en reste, bien au contraire.
Événement particulièrement attendu : la Semaine du Livre qui se déroule chaque année dans la première semaine de juin sur la place centrale de la ville (Vörösmarty tér). Et ce, pour sa… 89ème édition. A laquelle se joint une Semaine du Livre d'Enfants, qui en est à sa 17ème édition. Une manifestation également organisée en parallèle dans plusieurs villes de province.
Certes, l'événement n'est pas unique et l'on ne compte plus les manifestations consacrées au livre de par le monde. Mais ici, plus qu'un simple lieu d'exposition et de rencontres, c'est véritablement d'une fête que l'on peut parler. Et quelle fête ! Non pas enfermée entre les quatre murs de pavillons sans âme, mais une sorte de kermesse en plein air, accessible au tout venant, où se côtoient dans une atmosphère bon enfant grand public, écrivains, éditeurs, artistes, et musiciens. Le tout agrémenté de mille manifestations, exposés-débats, tables rondes, lectures, animations musicales, danses et j'en oublie… Le plus touchant est probablement d’y retrouver tous ces écrivains sagement assis devant les stands pour y dédicacer leurs ouvrages. Et pas n’importe qui, mais une belle brochette avec les plus illustres d’entre eux, qui se prêtent bien volontiers au jeu, prenant même plaisir à échanger quelques paroles avec leurs visiteurs.
Et puis, cette foule calme, paisible qui défile lentement le long des stands. Ici pas de distinction sociale : tous milieux et tous âges confondus. En cette époque où l’on se pose parfois des questions face à l’emprise d’internet et des médias audio visuels, voilà qui rassure. Car, indiscutablement, cette Semaine du Livre remporte à chaque édition un large succès, véritable coqueluche du public.
Au-delà de son contenu, le livre en tant qu’objet demeure indispensable. Un rapport physique irrationnel et inexplicable, mais dont nous ne saurions nous passer. Le tenir entre ses mains, en sentir l’odeur, en tourner les pages. Voire le choyer et en panser les plaies. Le savoir à ses côtés sur la table de chevet. Et puis, pouvoir le feuilleter à l’envi en le rouvrant au hasard ici ou là sur tel chapitre, tel passage. Un plaisir qui ne fait que renforcer ce lien privilégié, intime, que l’on ressent avec son auteur, ses héros.
Non, grâce à Dieu, le livre n’est pas mort et ce n’est pas encore demain que l’on célèbrera son Requiem.
Pierre Waline
(*) : „89-ik Ünnepi Könyvhét és 17-ik Gyermekkönyvnapok”, 7-11 juin. Bpest, Vörösmarty tér.
(**) : dont le salon de Livre qui s'est tenu en mars dernier Porte de Versailles rassemblant 1200 exposants et ayant attiré des dizaines de milliers de visiteurs.