Budapest la belle vue du ciel
Il fait chaud, très chaud ! Chaque jour la météo européenne nous envoie les échos d’un été venteux-pluvieux en France alors qu’ici le bitume bout et que nous voilà réduits à toutes les bassesses pour un souffle d’air. Partout la ville exhale des odeurs étranges et intimes révélées par chaleur. Alors que faire si ce n’est rôder au clair de la lune, bien loin du soleil …
Et justement Budapest cette année a décidé de nous faire danser sur les toits comme Mary Poppins, et nous donne à voir son bas d’en haut. La tendance est à monter, monter pour aller jouer les chats de gouttière, les matous impudents sur la terrasse d’un immeuble en sursis transformée le temps d’un été en bar à ciel ouvert. Le Corvin Tetö (blaha tér) règne en maître incontesté sur les nuits de Budapest Blue. Autre surprise, Buda la très bourgeoise, emboîte le pas et ne veut pas être à la traîne. Les toits de l’improbable pavé en béton armé de la piscine Komjadi offrent au Fecske une version luxe pour ceux qui préfèrent les cocktails à la bière et daignent aller à Pest uniquement pour y travailler. Comme ça pour une fois, chacun chez soi et le Danube sera bien gardé…
Mais cette période de l’été est aussi celle d’un rendez-vous amoureux au château auquel nous ne dérogeons jamais mon éventail et moi : Le concert des Budapest Klezmer Band, dans la cour extérieure du Hilton ceinturée par les ruines de l’ancienne église jésuite. Ce soir là, j’ai mes petites habitudes et un rite immuable. Je gare mon antique coursier au pied du bastion des pêcheurs et monte lentement les escaliers en dégustant la lumière du soir. Chaque marche étire un peu plus l’horizon et c’est vraiment Budapest la splendide qui s’offre. Les touristes qui peuplent l’endroit en sont visiblement tout émus eux aussi. Ensuite, direction le Hilton au milieu d’un flot de personnes du troisième âge venues elles aussi jouer en rythme de l’éventail sur les acrobatiques volutes musicales de la musique Klezmer (musique traditionnelle juive d’Europe de l’Est).
Une heure et demie de concert et toujours le même bonheur, la même gaieté et la même liberté. Les notes sont lâchées, elles virevoltent, vous font pousser des ailes aux pieds et c’est peu dire que le Budapest Klezmer Band est une formation de musiciens magiques. Chaque année c’est comme un envoûtement qui vous reprend, vous entraîne et vous emmène. Oui décidément , j’en fus une fois de plus tout à fait chavirée et comme un petit bonheur n’arrive jamais tout seul…
La semaine dernière était celle du 40éme anniversaire de l’ouverture de la ligne Paris-Budapest par Air France et la fête fut belle et complète au Sofitel.
Des surprises acrobatiques et poétiques, du champagne, un gâteau très chocolaté comme un authentique péché véniel (n’allez surtout pas le crier la nuit sur les toits, mais j’en ai repris discrètement deux fois) et cerise sur le gâteau le groupe Romengo en chair et en musique. Ce qu’elle est belle Monika Lakatos, véritable princesse Rom avec son profil de médaille grecque et cette présence envoûtante qui est la marque des très grandes artistes. Cette musique a vraiment une âme forte qui vous touche. Parfois gaie, parfois triste elle est pleine de vie et vous fait voyager bien au-delà des frontières. Oui, quelle délicieuse idée de nous avoir ainsi régalé ainsi sur toute la ligne pour cet anniversaire !
D’ailleurs je tiens ici à saluer chaleureusement Françoise Dié-Micoud, notre Françoise, qui fut-ce soir là notre hôtesse pour la dernière fois en tant que directrice territoriale d’Air France pour la Hongrie. Bienvenue également à la très charmante Marion Gentelet qui vient la remplacer. D’une femme à l’autre, d’une génération de cadres exécutifs d’Air France à l’autre, la relève est assurée en beauté.
Quant à nous sous cette chaleur d’anthologie, le soir venu envolons nous sur les toits et continuons, d’une nuit à l’autre, notre mélodieux voyage à la recherche de Budapest la Belle, bien sur Vue du Ciel.
Marie-pia Garnier
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