Braco Dimitrijevic: «Mon atelier c’est le Louvre, la rue est mon musée»

Braco Dimitrijevic: «Mon atelier c’est le Louvre, la rue est mon musée»

C’est à un parcours étonnant que le Musée Ludwig nous convie à travers la rétrospective de Braco Dimitrijevic, artiste français d’origine monténégrine. «Mon atelier c’est le Louvre» dit-il car il choisit ses sujets en s’inspirant des oeuvres du Louvre, du Musée d’Orsay ou encore de la Tate Gallery de Londres.

 

 

Il y a toujours une mise en scène dans ses réappropriations comme ce jeune paysan de Modigliani sur une toile encadrée qui sort d’une armoire. L’artiste est un révolté qui appelle à la désacralisation de l’art par ses installations et remet en question la hiérarchie traditionnelle des oeuvres d’art. A ses débuts, il suppliait les responsables des grands musées de le laisser travailler auprès de ses toiles préférées. Aujourd’hui il en est à sa 500e œuvre dans la série Triptychos Post Historicus où il place certains chefs-d’œuvre, de Léonard de Vinci à Pablo Picasso, dans une nouvelle composition visuelle et conceptuelle.

Né à Sarajevo en 1948 dans une célèbre famille d’artistes, son talent pour le dessin s’est révélé très tôt et on organise sa première exposition alors qu’il n’a que dix ans. Quelques années plus tard, le jeune artiste prodigue veut entreprendre autre chose. Il s’intéresse à l’art conceptuel et se fait remarquer dès 1968 par ses portraits géants exposés dans les lieux publics. Il croit que la célébrité de certains est souvent le jeu du hasard lorsque d’autres, aussi talentueux, restent dans l’ombre. Ainsi un beau jour les habitants de Zagreb découvrent, en plein coeur de la ville, trois photos géantes d’hommes et de femmes inconnus sur les façades réservées en principe aux portraits d’hommes d’Etat. En 1971 c’est sur la façade du Centre Pompidou que Braco Dimitrijevic élève des portraits d’inconnus qui sont, pour lui, la métaphore de la créativité. Kafka aurait pu n’être qu’un simple passant, un inconnu, dans les rues de la Prague d’antan, explique l’artiste.

D’où la deuxième partie du titre de son exposition : «La rue est mon musée». L’homme de la rue mérite aussi notre attention. Actuellement, outre les portraits exposés à l’intérieur du Musée Ludwig, des photos géantes sont accrochées sur la façade de la Galerie Nationale. Dans l’esprit de son Tractatus Post Historicus, en choisissant un passant inconnu, l’artiste crée l’alternative de l’histoire officielle qu’il appelle post-historique.

En intervenant ainsi dans l’environnement urbain, il a exercé une grande influence sur les artistes, et ce dès les années 70-80.

Le musée Ludwig présente une rétrospective de son oeuvre jusqu’à ses créations les plus récentes. Les installations de Dimitrijevic sont toujours spécifiques voire adaptées aux lieux d'expositions. Ainsi à Budapest des canots permettent de rapprocher le public du Danube qui coule au pied du musée.

Par ailleurs, il revisite à sa manière des chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art en y ajoutant des objets de la vie quotidienne, des plantes ou des animaux. C’est ce qu'il fait par exemple dans sa série Culturescapes où il remonte jusqu’aux temps préhistoriques.

Braco Dimitrijevic est un habitué des grands musées européens et d’outre-Atlantique. Il est aussi devenu un habitué du musée Ludwig puisque ses oeuvres y sont présentes depuis 2000.

Éva Vámos

 

Ludwig Múzeum,

Komor Marcell u. 1. Budapest

Jusqu’au 14 septembre 2008, tlj sauf le lundi, de 10h00 à 20h00, nocturne les derniers samedis du mois

 

 

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