Bons sentiments économiques ?
Le microcrédit et le commerce équitable sont des concepts qui font recette partout dans le monde y compris en Hongrie. Des structures favorisant l’octroi de prêts à taux faibles visant au développement de petites entreprises n’ayant pas accès au crédit bancaire ont été à l’étude en Hongrie bien avant d’être à la mode chez les bien-pensants. Il faut dire que ces idées ne sont pas vraiment nouvelles et que les Chinois inventèrent la tontine (et la baignoire) à une époque où nos ancêtres construisaient encore des dolmens.
Le microcrédit est devenu célèbre lorsqu’un communicant désoeuvré découvrit une théorie, que le professeur Muhammad Yunus, Bangladais fondateur de la Grameen Bank, la première institution moderne de microcrédit, rabâchait depuis vingt ans (et qui lui valut en 2006 le prix Nobel de la Paix). Nous étions à la fin des années 80 et le concept se développa si bien qu’en 2004 l’ONU déclara 2005 année internationale du microcrédit. L’idée de base existe depuis le jour où un homme prêta quelques sapèques à un autre pour acheter de quoi faire des petits pains à la viande, cuits à la vapeur, en ne prenant qu’un petit pain comme intérêt.
Dès les premiers temps du changement de régime, les Hongrois se sont sentis concernés par ce phénomène qui, dans le monde entier, permettait aux démunis d’entrer dans l’entreprenariat et en 1992 un programme de microcrédit fut mis en place. La Fondation hongroise pour la promotion des entreprises (Magyar Vállalkozásfejlesztési Alapítvány, MVA) gère ainsi un réseau d’agences locales dans tout le pays. En accord avec la Commission européenne (programme PHARE) et le ministère hongrois de l’économie, un fonds national pour le microcrédit a été établi en 2000 de manière à centraliser les fonds déboursés plus tôt. Les conditions légales au départ du programme de microcrédit en 2003 étaient les suivantes selon le rapport CE sur le microcrédit de 2004 : un montant maximum de 24.000 € ; le taux d'intérêt est le taux de base de la Banque centrale à la date du contrat (soit théoriquement 8,5% aujourd’hui, mais dans la pratique on trouve des taux de microcrédit inférieurs, 6,5%, par exemple pour la Székesfehérvári Regionális Vállalkozásfejlesztési Alapítvány ou RVA une fondation régionale en partenariat avec OTP) ; une échéance de minimum 3 mois et de maximum 5 ans; un délai de grâce de 6 mois maximum; une contribution personnelle de l'emprunteur de 20% minimum du montant du prêt; un remboursement du capital et de l'intérêt chaque mois. Il est possible de demander un microcrédit à plusieurs reprises mais l'encours ne doit pas dépasser le montant du prêt individuel maximum.
Dans les faits, il existe aujourd’hui des formules de microcrédit avec des conditions plus souples mais toujours, bien entendu, réservées à des entreprises de petite taille (en général moins de dix millions de forints de chiffre d’affaires), mais l’obtention du prêt est soumise à des exigences de viabilité du business plan de plus en plus grandes.
Selon Wikipédia (il faut bien une définition, sinon où va-t-on... ?) le commerce équitable est « une action collective d'organisation de nouveaux chemins de production et de distribution pour le marché international, basés sur des normes sociales, économiques et environnementales propres, ne nécessitant pas l'intermédiaire des États et la modification des législations nationales. »
Les tenants du commerce équitable font la promotion de la démocratie, de la transparence et du respect des droits de l’homme, autour d’objectifs définis par les producteurs, dont des prix de production déterminés non seulement par les coûts économiques, mais en prenant aussi en compte les coûts de production humains, sociaux et environnementaux. Ces commerçants éthiques se regroupent en associations, mais vous n’avez aucun moyen concret de vérifier qui reçoit quoi et la mention « fair trade » (comme dans www.fairtrade.hu par exemple) peut laisser dubitatif. Pour plus de certitudes, deux solutions : les grandes associations internationales reconnues avec commande sur Internet ou les petits magasins tenus par des activistes, genre bouquiniste qui vend du café par solidarité (voir l’article du BBJ sur le sujet).
Dans l’absolu, pas besoin de concept, ni d’idéaux, regardez simplement autour de vous, les gens à aider ne manquent pas. Triste époque que celle où il faut des communicants pour réinventer le sentiment de charité.
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