« Bonjour János ! – Ca va, Károly ? »

« Bonjour János ! – Ca va, Károly ? »

Une exposition de János Bér et Károly Klimó à l’Institut français et Consolation à Kiscell de János Bér

Les toiles et les collages de János Bér et de Károly Klimó dialoguent dans la salle de l’exposition comme les artistes eux mêmes dialoguent, depuis des décennies entre, Paris et Budapest. C’est sur ces mots que cette exposition fut ouverte par les deux artistes et par François Laquièze qui dirige l’Institut français de Budapest. Les œuvres de János Ber réapparaissent à Budapest, après de longues années d’absence. Elles sont présentées,  simultanément, à Kiscell dans la prestigieuse chapelle du musée. Nous avons rencontré les deux artistes lors du vernissage.

 

 

« Les toiles s’échelonnent entre 2007 et 2011, je voulais un ensemble qui ne soit peut-être pas une note unique mais qui ait une cohérence évidente, tout en illustrant les variations à l’intérieur de mon univers et je voulais jouer avec Károly Klimó. J’ai toujours senti que nos travaux, bien que très différents, rimaient. Il y a un dialogue entre nous ». Ainsi s’exprime János Bér en ajoutant : « chez Károly, il y a toujours le feu comme élément, un feu qui rougeoie dans la profondeur. Ce n’est pas tellement mon univers, mais l’on peut trouver une correspondance avec d’autres éléments. J’ai compris que la conséquence produite par mon enracinement dans le climat français était l’apparition de couleurs, inhabituelles ici, lointaines un peu comme un fruit qui reste porteur des savoirs d’un terroir oublié. Rouge-vert-pourpre-noir... peut-être aussi jaune, mais pas de bleu. L’écho du Rouge-Vert s’étend jusqu’au lointain Tibet et évoque un orient rêvé et pourtant réel ».

Un rouge ciel est le titre du livre paru aux éditions Adam Biro traitant de ses réflexions sur la peinture. En partie écrit dans la retraite, car il aime souvent se retirer et se consacrer entièrement à la création, loin de son atelier parisien, à Loup-des-Vignes dans le Loiret.

Il ne dédaigne pas pour autant le contact avec le public et fut avec plaisir l’invité d’honneur, en Bretagne, du festival dédié à l’art contemporain « L’art dans les chapelles » et exposa  à Pluméliau dans la chapelle du 16ème siècle dédiée à Saint Nicolas. C’est donc très logiquement qu’il expose aujourd’hui ses œuvres dans la chapelle du musée de Kiscell : 

« On m’a proposé la chapelle pour mes peintures et j’ai d’abord dit que je ne voulais pas mettre mes peintures dans cet espace. Je pensais que les murs, le bâtiment avaient une telle présence matérielle, et même je dirais, émotionnellement chargée, que mes toiles seraient avalées par cet espace. Par contre, je voulais bien entamer un dialogue. C’est quelque chose qui m’intéresse depuis des années, cela me semble un terrain inédit, il s’agit de réinventer cet espace, et cela devient une rencontre entre le lieu et la peinture.

L’éloge du feu avait été le titre d’une critique d’une exposition de Károly Klimó que nous vous avions  également présentée dans le JFB . C’était une exposition à la Galerie 2B, mais ce titre conviendrait parfaitement à l’exposition actuelle avec son Adoration du feu de grande taille et qui trouve très naturellement sa place à l’Institut Français. Pour l’artiste, il s’agit toujours de favoriser les couleurs chaudes, non pas tellement pour leur côté spectaculaire, mais plutôt dans un sens symbolique. L’artiste résidant à Budapest est bien connu dans le monde et les débuts de ses expositions à l’Institut français remontent loin dans le temps. Il avait déjà été accueilli dans les anciens locaux de la rue Szekfû et parmi les premiers à exposer après l’inauguration du nouvel édifice - et cela à plusieurs reprises. Amoureux de la littérature française par l’intermédiaire des magnifiques traductions qu’il lisait dès son adolescence et qui l’ont aidé à sortir du milieu provincial d’une petite ville en Hongrie dont il était issu. Il rend hommage aux traducteurs littéraires dans son discours et aux auteurs qui l’ont inspiré comme Artaud, le marquis de Sade, Reverdy, Camus, Sartre et René Char et dont plusieurs livres témoignent.

Les techniques sont différentes mais il y a maintenant quelque chose qui a perduré dans le temps et qui s’approfondit entre les deux artistes.

Institut français de Budapest, 1011 Budapest, Fô utca 17 – jusqu’au 9 novembre

Du lundi au vendredi de 9h à 19h

Consolation de Kiscell – exposition de János Bér,

Jusqu’au 11 novembre Kiscelli Múzeum, Budapest 3e arr. Kicelli u 108

Du mardi au vendredi de 10h à 16h, samedi-dimanche de 10h à 18h  

Éva Vámos

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