Bilan très lourd
Les conséquences des inondations en Hongrie
La Hongrie doit faire face à d’importants dégâts dans l’agriculture et dans les exploitations viticoles et forestières suite aux inondations causées par la série d'orages diluviens du mois de mai dernier.
Selon les experts de la Chambre d’Agriculture de Hongrie, le montant des dégâts causés par les récentes inondations peut atteindre les 100 milliards de HUF dans le seul domaine agraire et forestier. Environ 180.000 hectares de terres arables se trouvent sous l’eau, ce qui touche de fait la majorité des différentes filières agricoles. Plus de 5% des cultures de blé sont concernées, soit un territoire de 50.000 hectares, de même que pour les plantations de choux. Les eaux d’infiltration n’ont pas non plus épargné les cultures de tournesol et du maïs, car un territoire de 18.000 hectares se trouve toujours sous l’eau en ce qui concerne chacune de ces cultures.
Selon une enquête récente réalisée dans l’ensemble de ces filières, les plants ont été détruits et sont définitivement perdus sur au moins 50.000 hectares plantés. Les dégâts les plus importants concernent la partie nord et nord-est de la Hongrie, essentiellement dans les départements de Borsod-Abaúj-Zemplén, Jász-Nagykun-Szolnok et Szabolcs-Szatmár Bereg. A l’échelle nationale, un territoire de 110.000 hectares devra rester en friche cette année à cause des inondations et des infiltrations qui ont perduré durant la première moitié du mois de juin, quoique dans des proportions moindres que précédemment.
D’après les services météorologiques, durant le mois de mai, il est tombé en Hongrie entre 210 et 220 mm de pluie par m2, soit autant qu’au cours d’une année entière dans des conditions normales. Concernant les exploitations forestières les dégâts sont également considérables: des milliers d'arbres ont été déracinés suite aux vents violents qui se sont associés à des pluies diluviennes, ce qui correspond à 400-500 m3, soit l’équivalent de 10% de l’exploitation forestière annuelle en Hongrie. C’est essentiellement la région de Veszprém, dans l’Ouest du pays, qui est concernée par ces dégâts. En ce qui concerne les arbres fruitiers, les experts s’attendent à des dégâts dépassant les 30-40 milliards de HUF.
Les conséquences des inondations n’ont pas épargné les éleveurs puisque quelques 131.000 volailles ont dû être abattues, faute de pouvoir les nourrir, les basse-cours étant devenus impraticables. De plus, les infiltrations ont considérablement augmenté le risque d’épidémies dans des fermes d’élevage. Par conséquent environ 12.500 animaux ont été vaccinés pour prévenir l’apparition de différentes maladies.
Le Ministère de l’agriculture et du développement rural a mis sur pied un fonds de secours pour aider les régions les plus sinistrées et le pays entier s’est mobilisé dans ce sens : des centaines d'organisations civiles, d’associations sportives, des chaînes de télévision, l’Église ainsi qu’une grande partie des banques organisent depuis plusieurs semaines des actions pour aider le plus efficacement possible les habitants ayant perdu leurs maisons, leurs biens et souvent leurs sources de revenus.
La Hongrie, tout comme les autres pays d’Europe centrale ayant subi de graves dégâts causés par les intempéries, comme la Slovaquie ou la Pologne, peuvent se tourner vers la Commission européenne. L’Union européenne dispose en effet depuis 2002 d’un fonds d’un milliard d’euros qu'elle met à disposition des états membres touchés par des catastrophes naturelles. Avant tout, la Hongrie et les autres pays concernés doivent faire une estimation des dégâts. Si leur montant dépasse 0,6% du revenu national brut (RNB), alors ils peuvent demander des subventions européennes pour entreprendre des travaux de reconstruction dans les localités sinistrées. Récemment le porte-parole du commissaire européen responsable des politiques régionales, Tom Van Lierup, a souligné lors d’une conférence de presse que les états membres touchés par les intempéries avaient 10 semaines pour faire leurs estimations des dégâts. Il a précisé aussi que l’UE ne pouvait subventionner qu'au maximum 2,5% de la somme totale des dégâts subis. Le reste des coûts devant être couverts par des fonds nationaux.
Le nouveau gouvernement hongrois devra donc très rapidement trouver quelques centaines de milliards de HUF pour résoudre ce problème et aider les plus démunis, devenus encore plus vulnérables à cause de cette catastrophe naturelle. Une bonne occasion de réaliser quelques-unes des promesses électorales.
Bálint Seres