Az utolsó Tangó Budapesten
Budapest Parcours
Par Emmanuelle Sacchet et l’œil regarde
Je crois à l’impuissance des hommes, ou plus exactement, à la toute puissance des lieux.
Kafka, journal
Cet ordinateur trop gris est formel et ne trompe pas : il a phagocyté 724 338 caractères sur Buda et Pest ; espaces inclus, il en faut pour écrire. 79 669 mots distincts, il est vrai que Budapest est une ville des plus indéfinissables. 8288 lignes, rails extatiques sur un même sujet qui tourne en körút. Stop ! Les chiffres ne sont là que pour tromper les sensations. Au fond on s’en moque comme de savoir que Budapest fait 525 km2. Et pourquoi pas en mètre cube ? Car la seule chose qui compte à cet instant ce n’est pas de décrire une ultime fois cette ville secrète, mais bien de savoir partir, savoir dire au revoir. Et dans une maison vidée qui sent encore le carton sec, curieusement déjà étrangère, il faut bien se rendre à l’évidence que ces quelques mots de plus sont un dernier article qui se pianote à la hâte. Un sziasztok et un köszönöm à la Hongrie et à ses gens. De drôle de consonances inexportables qui ont ici toute leur valeur…
Et de fait l’œil regarde est venu voir ce départ tous feux éteints, brillant de l’intérieur. Clément Saccomani s’est ainsi glissé sur le sixième fauteuil de mon carrosse de midi pour m’accompagner une dernière fois dans les confins de la ville et du coup du pays.
Un doux au revoir en aller simple jusqu’à Gyôr, par pudeur, pour ne pas toujours aller jusqu’au bout, pour ne pas pouvoir fermer les yeux.
La toute puissance des lieux de Budapest c’est de nous fasciner et de subrepticement nous façonner. Longue vie à vous Terriens d’ici !