Aujourd’hui sur les murs

Aujourd’hui sur les murs

La palette des évènements artistique s'enrichit cette année d'un nouveau marché spécialisé dans l'art contemporain. Le JFB a rencontré Zsófi Faur, l'une des organisatrices de Art Market Budapest, qui dirige par ailleurs la galerie portant son nom.

JFB: Pourquoi avait-on besoin d’un nouveau marché de l’art à Budapest?

Zsófi Faur: Le propriétaire de l'immeuble de bureaux Krisztina Palace est engagé dans des activités de mécénat à travers le monde. Il organise des expositions et achète des œuvres d’art. Ainsi leur filiale hongroise nous a-t-elle contacté pour créer un programme dédié à l'art contemporain en automne. Avec d’Attila Ledényi (le directeur de l’agence de communication Edge qui avait dirigé auparavant plusieurs projets artistique – J.Z.) nous avons donc envisagé une possibilité de présentation du travail et des artistes des galeries contemporaines hongroises. Surtout pour celles qui n’avait pas la possibilité de participer a Budapest Art Fair, et ce pour différentes raisons. Nous avons donc invité 22 galeries contemporaines qui sont toutes engagées dans des activités commerciales. Finalement, comme nous n’avons commencé à organiser cet événement qu’il y a deux mois, seuls 13 exposants y participeront. Pour les autres, le délai était trop court ou elles avaient déjà d'autres engagements. Cependant elles souhaitent y participer l’année prochaine si nous poursuivons cette initiative.

JFB: Cet évènement est donc le début d’une série?

Zs.F.: C’est l’année zéro pour nous aussi et c'est pour moi une première. En tant que propriétaire de galerie, je n'ai jamais organisé d'évènement semblable. Je crois pourtant qu’on a besoin d’un marché exclusivement contemporain. L’art contemporain a peu de possibilité d'être exposé actuellement en Hongrie. Je me suis rendu compte que les gens ont peur de visiter les galeries. Ils demandent souvent s’il faut payer pour entrer. Si l'on demandait à un Hongrois lambda de citer un artiste contemporain hongrois, il répondrait probablement qu'il n'en connait aucun.

JFB: En quoi cet évènement pourrait attirer un public qui ne s’intéressait pas auparavant à l’art contemporain?

Zs.F.: C’est précisément pour attirer ce public que l'entrée sera gratuite. Nous organiserons également plusieurs programmes, des concerts et des spectacles de stand-up comédie. Ceux qui ne viennent pas en général voir des expositions pourront ainsi passer une agréable soirée entre amis, entourés d'œuvres d’art. Nous ne cherchons pas à vendre le plus d'œuvres possible, mais plutôt de les présenter. On ne sait jamais qui deviendra collectionneur un jour.

JFB: Comptez-vous sur un intérêt international autour de cet événement?

Zs.F.: Plusieurs galeries étrangères nous ont déjà contacté pour pouvoir participer au marché, mais nous n'avions pas la possibilité d’intégrer d'avantage d’intervenants car les délais étaient trop courts. En ce qui concerne les historiens de l’art et les organisateurs de marchés étrangers, je serais surprise qu’ils s’intéressent à la première édition de cet événement.

JFB: Votre galerie sera présente à l'occasion de Paris Photo, du 18 au 21 novembre. Comment a-t- elle été choisie pour ce marché?

Zs.F.: Le directeur du marché, Guillaume Piens, a visité la Hongrie et notamment notre galerie en mars dernier. Je crois que le fait que nous ayons envoyé notre catalogue en avance a contribué à la sélection de la galerie parmi de nombreux candidats. L’Europe Centrale est l’invitée d'honneur cette année et nous serons donc placés de ce fait au centre de l'exposition. C'est un avantage certain car le public visite prioritairement cette partie du marché et la presse se penche également plus attentivement sur les œuvres exposées à cet endroit. Les organisateurs attendent 500 collectionneurs américains. Et l'on m'a confié que le mari de Salma Hayek, le milliardaire François-Henri Pinault, souhaiterait enrichir sa collection de quelques œuvres exposées dans cette section Statement du marché.

JFB: Que visez vous à travers votre présence dans ce marché?

Zs.F.: Je souhaite accroître la reconnaissance des photographes contemporains hongrois à l'échelle internationale. Je voudrais établir des relations pour que les artistes que je représente soient invités lors d'exposition à l’étranger. Nous exposerons les œuvres de Gabriella Csoszó et d'Anna Fabricius et présenterons également les books d'Ádám Magyar, Gergely Szatmári, Ágnes Éva Molnár, Miklós Bölcskey et Károly Minyó-Szert. La photographie est le seul domaine artistique où des Hongrois sont reconnus au niveau international. Précisément, la couverture du catalogue de Paris Photo est une photo d’André Kertész. En revanche, des peintres de grand talent, comme Mihály Munkácsy ou Rippl-Rónai, sont seulement reconnus en Hongrie et pas au niveau international. J'espère que le succès des anciens photographes hongrois pourrait être utile afin s'asseoir la notoriété des artistes contemporains hongrois.

Judit Zeisler

(Photo: Anna Fabricius, 2007)

 

Art Market Budapest

Du 11 au 14 novembre

Ouvert tlj de 10:00 à 19:00

Krisztina Palace

A côté de la Gare Déli, 8-14 Nagyenyed u., XIIe arrt

 

Galerie Faur Zsófi

Cette galerie existe depuis 1997 et est dédiée à l’art contemporain, en particulier la photographie au cours des dernières années. Elle édite une série de catalogues intitulés Mai Magyar Fotómûvészet (Photographie hongroise aujourd’hui) et Mai Magyar Képzômûvészet (Beaux-Arts hongrois aujourd’hui). La galerie, longtemps située rue Ráday, a déménagé cet automne dans le futur “centre-ville culturel” de Újbuda sur Bartók Béla út, où la mairie du XIe arrondissement a proposé cinq espaces gratuits à des galeries.

Zsófi Faur dirige la galerie depuis 2001. Diplômée d’économie et de marketing, elle a vite quitté ce domaine et, inspirée par son père collectionneur, elle a choisi de s’occuper d'art contemporain. 

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