Attention travaux
Pécs, ville de 160.000 habitants jouissant d'un microclimat méditerranéen dans le sud de la Hongrie, se prépare à son titre de Capitale Européenne de la Culture 2010 qu’elle partagera avec Istanbul en Turquie, et Essen en Allemagne. Pratiquement tous les projets, prévus dans 18 sites différents pour un investissement de plus de 50 milliards de HUF, ont été entamés avec un retard énorme et presqu'aucun d'entre eux ne sera prêt pour l'ouverture de l’année culturelle, le 10 janvier prochain.
Cinq grands projets de construction sont en cours de réalisation dans la partie sud-est de la ville dans le quartier de Balokány. Le plus important d’entre eux est la construction d’un palais des congrès à l'acoustique ultramoderne (à lui seul, ce projet coûte plus de 7 milliards de HUF). Une bibliothèque régionale ainsi qu’un centre scientifique sont prévus pour une valeur de 4,5 milliards de HUF. Le centre scientifique également nommé “Kaptár” (ruche) accueillera des conférences dans deux salles pouvant accueillir chacune 200 personnes et dans une troisième d’une capacité de 150 places. Selon la direction de la ville, ce projet sera achevé en juin-juillet 2010. La salle de concert sera quant à elle prête pour septembre. Un autre investissement également colossal, toujours dans le quartier Balokány, est la réalisation du quartier culturel “Zsolnay” qui comprend la rénovation et la transformation de l'ancienne usine de porcelaine Zsolnay en un gigantesque centre culturel pour la somme de 9 milliards de HUF.
Des salles d’exposition présenteront l’histoire de la famille Zsolnay, ainsi que des pièces d’art décoratif, et diverses manifestations culturelles y seront organisées en permanence. Un ensemble commercial et de bureaux complété d'un hôtel est également en construction. L'hôtel 4 étoiles Corso et le bâtiment qui habritera les futurs bureaux seront eux aussi prêts en été 2010. Plus de 6 milliards de HUF ont par ailleurs été investis pour la rénovation et la construction de parcs publics et de trottoirs. La bien-nommée rue des musées, en plein centre-ville, sera réhabilitée pour un budget de 1,4 milliards de HUF, avec notamment des passages piétons inspirés des zèbres de Vasarely. Pour rendre Pécs plus accessible, l'autouroute M3 sera construite et la piste d'atterrissage de l'aéroport régional se verra allongée, afin d'accueillir davantage de compagnies aériennes, notamment les low cost. En revanche, il est désormais certain que le projet du Grand Espace d'Exposition, qui aurait coûté 3,5 milliards de HUF, ne sera jamais réalisé, faute d’argent.
Avec 138,4 millions d'euros, le budget estimé de Pécs 2010 est colossal pour une ville hongroise de province. 85% de cette somme est assurée par l'Union européenne et comprend une partie des fonds alloués au programme de développement du sud transdanubien.
Outre les retards imputés à la complexité des procédures européennes d'appels d'offres, «il y a eu une impasse dans la communication» entre la précédente équipe municipale et l'actuelle, a déploré le nouveau maire de la ville, Zsolt Páva, qui a promis que, dorénavant, on se consacrerait surtout aux programmes culturels et moins aux constructions. Selon lui, la contribution de 127 millions d'euros de fonds européens devrait surtout contribuer à développer un secteur de la connaissance dans cette ancienne ville minière qui en aurait bien besoin.
En Hongrie, les habitants de Pécs sont connus pour leur patience et ils en ont bien besoin car, depuis de longs mois, toute la ville est en chantier. L’artiste Károly Kismányoki prends des photos des constructions depuis le début des travaux que plusieurs milliers de personnes regardent sur Internet chaque jour, y compris depuis l’étranger.
Le directeur de l’événement Pécs Capitale Européenne de la Culture 2010 admet que les retards en question sont néfastes à la renommée de la ville mais, d’un autre côté, il se réjouit du fait que les constructuions donnent du travail à plus de 1300 personnes. Il ajoute que de plus en plus d'investisseurs privés rejoignent les projets en cours, essentiellement les constructions des garages souterrains, des auberges et des centres commerciaux, et que ce phénomène accélère le rythme des travaux, sans toutefois combler le retard pris dans la préparation de cet événement international.
La ville a sans doute été victime de deux influences négatives. D’abord l’effet de la crise financière mondiale, qui a considérablement ralenti le rythme des constructions, mais aussi le fait que les dirigeants de la ville, pendant de longs mois, ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur les projets et surtout sur leur financement. Un partenariat délicat avec le gouvernement et un manque de couverture médiatique a en outre ralenti la réalisation des projets. On ne peut qu’espérer que les intérêts financiers et politiques marqueront une pause pendant l’année culturelle et que l'on pourra admirer le plus tôt possible le nouveau quartier culturel de Pécs dans son intégralité.
Bálint Seres