Apollo Tyres, bienvenu en Hongrie?

Apollo Tyres, bienvenu en Hongrie?

Lors de sa visite en Inde en janvier dernier, le Premier ministre Ferenc Gyurcsány avait annoncé que le fabricant de pneumatiques indien, Apollo Tyres, envisageait d’ouvrir sa première usine européenne en Hongrie. C’est à Gyöngyös, ville située au nord-est de Budapest, que l’entreprise indienne aurait installé son centre régional. Si György Hiesz, le maire socialiste de la ville avait salué le projet, les représentants des partis de droite ont, semble-t-il, empêché sa réalisation, au nom de la protection de l’environnement.

 

Le choix d’Apollo Tyres s’était sans doute fixé sur la Hongrie grâce aux sept milliards de forints que le gouvernement était prêt à lui verser en guise de subvention. En effet, l’entreprise envisageait d’investir 200 millions d’euros dans la création d’un centre européen. L’affaire aurait rapporté gros à la Hongrie, non seulement sur le plan financier mais aussi à travers la création d’environ 900 emplois, le chômage étant un problème majeur dans le nord-est du pays. La ville de Gyöngyös se trouve à 80 km de Budapest et une autoroute y mène depuis la capitale. Sa position était donc idéale pour l’entreprise indienne qui souhaitait s’implanter dans les environs de Budapest. D’après ses estimations, la construction d’une usine aurait dû démarrer en avril dernier, mais la commune tardait à mettre à leur disposition le territoire de 45 hectares prévu à cet effet. Les pouvoirs locaux se sont en effet heurtés à plusieurs obstacles. En premier lieu, à la résistance des propriétaires fonciers qui rechignaient à vendre leurs terres, essayant d’obtenir un prix toujours plus élevé de la part de la commune. Mais la tâche la plus délicate consistait à persuader les habitants que la production d’Apollo Tyres n’aurait pas d’effets majeurs sur la qualité de l’air. La ville pouvait jusqu’ici se targuer de conditions de vie très saines et l’éventuelle construction d’une usine a donc suscité de nombreuses inquiétudes. Plusieurs associations civiles, ainsi que les représentants des partis Jobbik et Fidesz, se sont ainsi opposés à l’installation de cette usine indienne, officiellement pour protéger la région viticole de Mátra d’éventuelles pollutions. László Tatár, le leader du Fidesz à Gyöngyös, a même pris l’initiative d’un référendum sur le sujet, mais l’entreprise indienne a préféré renoncer à son projet avant que cette consultation ait lieu.

Selon le porte-parole d’Apollo Tyres, l’entreprise a préféré évité de diviser la population et a donc renoncé à son investissement à Gyöngyös. Elle a par ailleurs critiqué la lenteur avec laquelle la gestion de l’affaire s’est déroulée. L’entreprise a annoncé avoir chargé ITD Hungary Zrt. (Agence hongroise d’investissement et de développement commercial) de trouver une autre ville qui corresponde à leurs exigences. Plus de quarante communes se seraient alors portées candidates pour accueillir Apollo Tyres parmi lesquelles Érd, Hatvan ou Várpalota qui font figures de favorites car toutes trois se situent à proximité de la capitale. Cependant, d’autres sources considèrent que le regard de l’entreprise indienne se tournerait désormais vers la Slovaquie, le gouvernement slovaque étant, une fois de plus avec cette affaire, le grand concurrent de la Hongrie en matière d’investissements étrangers.

György Hiesz estime que le manque à gagner de sa commune s’élève à 600 millions de HUF auxquels s’ajoute le montant des taxes que la mairie aurait pu percevoir (soit environ 500 millions de HUF).

Le ministre de l’économie et du développement national, Gordon Bajnai, veut toujours croire à la réalisation de cet investissement et tente de convaincre Apollo Tyres de choisir une ville hongroise pour la mise en œuvre de ses investissements. Dans le cas contraire, le parti socialiste n’hésitera pas à blâmer la droite qui, selon le MSZP, cherche dès le début à «torpiller» cette affaire.

Anna Bajusz

 

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