7 novembre 2019 : une folle journée dont les Budapestois se souviendront…
La route menant à l´aéroport (seule voie d´accès) fermée deux heures le matin et deux heures le soir. Le centre de la ville entièrement bouclé et interdit à la circulation. Rues et artères principales vidées de toute trace de vie en milieu de journée. Le principal pont de la ville et les berges du fleuve interdits aux piétons. Une ligne de métro fermée toute la journée, une autre (et deux lignes de tram) le soir. Lignes de bus détournées. Les bouches d´égout verrouillées. Les habitants de l´artère principale interdits de sortir de chez eux durant la matinée. Ou, pire, les autres, téméraires qui se sont aventurés dehors, empêchés de rentrer chez eux le soir. Et tutti quanti. Question : où sommes-nous ? En Sibérie ? Au Japon suite à une catastrophe nucléaire ? En Asie avant l´arrivée d´un tsounami ? Non. Nous sommes tout bonnement en Europe, à Budapest, en ce 7 novembre 2019.
Alors pourquoi ? Tournage d´un film de guerre ? Non. D´un film sur l´arrivée des martiens ou d´un de ces navets sur l´attaque d´un vilain monstre ? Là, vous n´êtes déjà plus si loin : visite éclair de Recep Erdoğan venu saluer son ami Viktor Orbán.
Depuis 50 ans que je pratique Budapest, du jamais vu, même sous la période communiste. En contraste avec le vide ressenti dans la journée, une foule impressionnante se pressant le soir vers les escalators de la seule ligne (et demi) de métro ouverte. Au milieu, une jeune mère paniquée, pressée de toute part au côté d´une poussette d´enfant.
Ayant voulu, dans ma grande naïveté, me rendre à l´Institut français pour une soirée littéraire, je m´en suis vu, après moult détours et une interminable marche à pied, interdire l´accès par ces messieurs de la police. Même remarque formulée par plusieurs amis. Dont un a eu un mal fou, le soir, à se faire laisser passer pour rentrer tout bonnement chez lui.
Tout cela pour accueillir un homme qui n´est guère réputé pour figurer parmi les figures les plus avenantes sur la scène internationale. Mais pourquoi donc cette visite et pourquoi tout ce cinéma. Allez savoir ! Que pense en tirer Viktor Orbán ? En tous les cas certainement pas un regain de popularité au sein de cette population de la capitale qui venait précisément de limoger son maire.
Poutine lui-même, venu il y a peu, n´a pas eu droit à tant d´honneurs (toutes proportions gardées…). A sa place, je serais vexé.
Pierre Waline
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