LIVRE: Après Columbine
A l’occasion de la publication du livre, Après Columbine – psychologie sociale de la violence à l’école (Columbine után - Az iskolai erôszak szociálpszichológiája), l’Institut d’orientation pédagogique et professionnelle de la capitale, Ferenc Mérei, et la maison d’édition Ab Ovo ont invité l’auteur Elliot Aronson et sa collaboratrice Carol Tavris à exposer leurs expériences et leurs solutions pour davantage de tolérance entre les individus. C’est devant une salle comble de professionnels de l’éducation et d’élèves que le psychosociologue américain a parlé de sa fameuse méthode d’enseignement «Jigsaw» comme l’une des clés pouvant améliorer les relations humaines au sein d’un établissement scolaire ou d’une faculté. Sa technique d’enseignement consiste à créer de petits groupes dans une classe de façon à mêler, comme dans une mosaïque, des éléments différents pour travailler ensemble. Cette façon de procéder développe efficacement la coopération, l’écoute et l’engagement de chacun. «C’est dans le processus même de la coopération que les élèves découvrent ce qu’ils aiment, ce qui leur parle ou pas. Au lieu de se battre, ils discutent, échangent et s’apprécient mieux les uns les autres» affirme Elliot Aronson. Auteur d’une vingtaine de livres, ce sont en particulier La théorie de la dissonance cognitive (1969) et L’animal social (1972) qui lui ont apporté une notoriété mondiale. Ses recherches et sa vingtaine d’ouvrages lui ont valu d’être classé en 2002 parmi les cent plus éminents psychologues du XXe siècle.
Face aux problèmes des professeurs hongrois invités à cette discussion, eux-mêmes confrontés à des situations de racisme entre les différentes communautés qui se côtoient dans leurs classes, Elliot Aronson répond plutôt positivement: «Les Hongrois regardent les Roms comme les Américains ont regardé les Noirs. C’est en classe qu’il y a de belles expériences d’échanges à faire. Ce sont finalement les enfants qui apprennent à leurs parents à être davantage tolérants! On aurait posé la question de la victoire possible d’un Noir à la présidence des Etats-Unis il y a vingt ans, le résultat aurait été «zéro!» Les choses ont changé». C’est parce que lui aussi avait travaillé dans des classes où Noirs et Blancs se supportaient difficilement et parce qu’il fallait d’urgence désamorcer des situations explosives qu’il a inventé cette méthode d’apprentissage coopératif dans les années 1970. En peu de temps, le regard des uns vis-à-vis des autres avait changé. «On n’enseigne pas seulement de l’histoire ou des mathématiques aux enfants, mais l’éducation civique. Le rôle des professeurs est fondamental. On peut apprendre la tolérance à l’école. Il faut essayer, même si c’est difficile.» Et Carol Travis, psychosociologue féministe, ajoute: «Ce qui est difficile, c’est d’être le premier à créer une nouvelle catégorie: par exemple la première juge femme est jaugée par les autres en fonction des catégories existantes. Lorsqu’il y en a deux, alors on se met à les comparer l’une l’autre, et on avance.» Depuis longtemps apprécié en Hongrie, au programme de la faculté de lettres par exemple, Elliot Aronson a apporté son soutien chaleureux au public. Le succès de cette journée à Budapest mériterait d’être renouvelée l’année prochaine.
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