L’art contemporain s’invite au Műcsarnok (Halle de l’art)
Quel délicieux mélange que celui d’appréhender l’art contemporain dans un musée plus que centenaire ! Les meilleurs jeunes artistes de Hongrie investissent, jusqu’au 19 avril, les salles du Műcsarnok de Budapest.
L’exposition réunit les œuvres des vingt-six lauréats – choisis parmi plus de deux cents candidats - de la bourse Derkó 2020. Ils recevront pendant un an 200.000 forints (l’équivalent de 600 euros) pour leur permettre de se consacrer pleinement à leur art. Cette distinction d’Etat, qui porte le nombre du peintre et artiste graphique Gyula Derkovits, est un prix très prestigieux pour les jeunes artistes hongrois. La visée de ce dispositif, créé en 1955, est avant tout de fournir aux jeunes pousses un apport financier afin qu’ils et elles n’aient pas à travailler en parallèle de leur activité créatrice. Une étape des plus considérables dans leur intégration du monde artistique. La renommée de la bourse Derkó attire aussi l’attention des historiens de l’art, des galeristes et des collectionneurs.
Les vingt-six étoiles montantes de la scène artistique hongroise ont été sélectionnées par un jury professionnel, nommé par le ministère des ressources humaines. Après des délibérations difficiles, ils ont récompensé cette année encore, des œuvres innovantes.
Des incontournables sculptures et peintures aux performances vidéo en passant par des photographies, plus ou moins engagées, la recette d’une exposition dense et captivante est parfaitement respectée. Car ce n’est pas seulement une vingtaine d’œuvres qui y sont présentées, mais autant d’installations artistiques contemporaines, abstraites comme concrètes.
Sans parcours prédéfini, l’exposition laisse les visiteurs totalement libres. Libres de découvrir les créations à leur rythme et dans l’ordre qu’ils souhaitent. Libres de donner ou non un sens à ces œuvres qui les invitent à la réflexion et à l’interprétation.
Le coup de cœur de la rédaction
Le trio de têtes de femmes sculptées par Szabó Menyhért est, au premier regard, intrigant. L’artiste y mêle le classique et le moderne. Il réinterprète le thème classique, à la fois dans son approche et sa forme et dans son utilisation des matériaux. Ainsi, il s’inspire des sculptures helléniques et romaines. Un côté résolument moderne est associé à ces têtes féminines, par leurs couleurs vives et leur matière qui semble proche du caoutchouc. Les visages sont comme effondrés sous leur propre poids, comme une beauté démystifiée par la déformation. Bien évidemment, libre à chacun de proposer sa propre interprétation.
Manon Martel
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