Un psychologue pas comme les autres

«Le but, c’est de contaminer le plus de gens possible par le virus de l’amour. Moi, je suis un porteur du virus.»

(András Feldmár)

 Né en 1940 à Budapest, András Feldmár est un psychologue et psychothérapeute hongrois vivant au Canada. Son activité va au contraire de la psychologie dite traditionnelle puisqu’il condamne la méthode très répandue de la diagnostisation et la thérapie basée sur cette méthode. Il condamne également l’étiquetage des maladies et des gens, le traitement médicamenteux (sauf cas exceptionnel), tout en soutenant l’utilisation du LSD sous contrôle professionnel. Selon András Feldmár, le traitement psychiatrique est pire que la prison la plus stricte et l’utilisation des médicaments est absolument nocive même dans le cas de schizophrénie, maladie considérée traditionnellement comme inguérissable sans médicament. Lors d’une conférence donnée à Szombathely, il a déclaré qu’il n’y avait aucune raison pour que les psychiatres soient formés à la faculté de médecine car le traitement de l’âme n’a rien à voir avec les problèmes physiques: «il faut tout simplement faire attention à l’âme de l’autre. Ne pas vouloir soigner et surtout pas donner de médicaments».

En 1956, à l’âge de 16 ans, András Feldmár a émigré au Canada pour des raisons familiales. Au Canada, il a poursuivi des études de mathématiques puis s’est tourné vers la psychologie. Il a commencé à travailler en tant que psychologue en 1969 à Vancouver où il a fait la connaissance du psychiatre écossais R. D. Laing, qui a radicalement remis en question les dogmes de la psychiatrie du XXe siècle. Cette rencontre a déterminé sa vie, son activité professionnelle, sa relation au monde et à sa profession. Il a ainsi déménagé à Londres où il est devenu disciple et ami de Laing.

En 1975 András Feldmár est retourné au Canada où il a établi son cabinet privé et où il a connu des résultats remarquables avec sa thérapie pour malades psychotiques. Il s’occupe également d’enfants, de familles, de groupes et de différentes communautés. Il a tenu de nombreuses conférences et workshops dans les différentes villes du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni ainsi qu’en Serbie, à Minsk, à Debrecen, à Budapest et il participe également à la formation continue des psychologues et psychiatres. C’est grâce à son influence que la section hongroise du réseau Soteria a vu le jour. Depuis 1995, l’association Soteria aide les gens qui luttent contre différents problèmes mentaux. Cette association, qui possède plusieurs clubs et groupes de travail, aide également les personnes vivant avec un problème psychique à trouver du travail.

2007 voit la création un atelier portant le nom d’András Feldmár: l’Institut Feldmár (www.feldmarinstitute.hu), dont les fondateurs expliquent: «Nous sommes d’accord avec lui pour dire que l’existence de la vie avant la mort dépend de la manière dont quelqu’un peut demeurer libre si un pistolet est serré contre sa tempe ou de sa compréhension que l’amour n’est autre que l’acceptation totale de l’autre et un véritable dialogue. Pour tout cela, il faut bien évidemment du courage. L’amour est donc un travail et le courage ne veut pas dire l’absence de peur». Avec ses collègues, artistes, théologiens et experts, András Feldmár cherche à comprendre comment les gens souffrant de blessures de la conscience, au lieu d’une relation de dépendance envers leur médecin, pourraient se rétablir et retrouver le plaisir des bonheurs quotidiens en puisant dans les relations tendres et affectueuses. Dans le cadre de l’Institut, plusieurs programmes de l’école Feldmár ont été déjà mis en route, dont le coaching et une école pour femmes et, selon les plans, ils seront suivis en 2010 par différentes activités pour enfants, hommes et couples.

En 2001 Benedek Fliegauf a tourné un documentaire sur András Feldmár portant le titre “Van-e élet a halál elõtt?” (Y a-t-il de la vie avant la mort?), diffusé en 2004. En 2005, l’association Soteria a publié un DVD comportant deux conférences sous le titre “Feldmár: la réalité”. Les livres les plus importants d’András Feldmár sont: A tudatállapotok szivárványa (L’arc-en-ciel des états de conscience), Apró részletekben (Dans les petits détails), Szégyen és szeretet (Honte et amour) et Szabadság, szerelem (Liberté, amour).

Máté Kovács