La Décroissance en Hongrie

Mouvement de pensée issue de l'écologie radicale des années 70 et relancé en France au début des années 2000, la Décroissance suscite de plus en plus de débats.

Comme le dit Serge Latouche, économiste français et célèbre penseur de la décroissance, la décroissance est un slogan provocateur qui a pour but d'ouvrir un débat sur notre société de croissance et de manière plus générale sur les limites de notre civilisation occidentale.

Paul Ariès, politologue et écrivain, rappelle souvent que nous vivons au dessus de nos moyens : nous sommes 20% à nous approprier 87% des ressources naturelles, ce qui est en contradiction avec nos valeurs d'égalités et de partage, mais le problème est que nous avons déjà dépassé les capacités de la planète à assumer un tel mode de vie, puisque l'empreinte écologique d'un américain est de 7 planètes et celle d'un Européen de 5. Notre modèle de développement n'est ni soutenable ni généralisable.

La Décroissance à réfléchir sur une transition démocratique vers de nouveaux projets de société à la fois soutenable mais aussi souhaitable. Il s'agit donc avant tout d'une remise en question de la société de consommation, sans hypothéquer les acquis démocratiques, sociaux et culturels.

Alors que l'on assiste à une prise de conscience autour de la crise écologique, que ce soit la crise de la biodiversité, la pollution chimique ou encore la raréfaction des matières premières (pétrole), les objecteurs de croissance rejettent les solutions souvent mises en avant avec le développement durable ou encore la croissance verte qu'ils qualifient de «greenwashing».

Depuis quelques années, cette nouvelle pensée politique s'internationalise . Cette année, le débat vient s'ouvrir en Hongrie avec la traduction du livre de Serge Latouche : «Petit traité de la Décroissance sereine». Fin mars, plusieurs rencontres et débats ont été organisé à Budapest avec un vif succès. Le livre a plutôt été bien accueilli avec des salles combles mais aussi une bonne couverture médiatique. D'autres rencontres autour de la Décroissance sont par ailleurs déjà prévues.

Il existe déjà en Hongrie plusieurs associations et ONG, notamment Védegylet, qui critiquent de manière radicale l'impasse dans laquelle nous amène cette société de croissance.

Ainsi, plusieurs projets, comme un projet de villes en transition, voient le jour comme à Wekerle, quartier de Budapest ou à Kecskemét, où des jardins communautaires sont créés.

Budapest accueille tous les ans le plus gros Critical Mass au monde, avec pas moins de 80 000 vélos en avril 2006.

De même, les dernières élections ont vu l'émergence d'un nouveau parti écologiste, Léhet Mas a Politika (une autre politique est possible), qui compte aujourd'hui 15 députés, parmi lesquels des sympathisants de la Décroissance.

Alors que la remise en question de notre modèle de société de croissance et de son insoutenabilité est de plus en plus présent en Europe de l'Ouest, il sera intéressant de voir comment le débat sur la Décroissance (Nemnövekedés en hongrois) va se poursuivre en Hongrie.

Vincent Liegey, porte parole du Parti Pour La Décroissance

Plus d'infos :

http://lmv.hu/nemnovekedes

http://www.partipourladecroissance.net/