The Brutalist (3h35) de Brady Corbet avec Adrien Brody (Le pianiste)

The Brutalist (3h35) de Brady Corbet avec Adrien Brody (Le pianiste)

Brutalist

J'ai vu jeudi ce grand et long film (3h35 + entracte de 15') "The Brutalist", dont on parle et reparlera pour les Oscars. Vous pouvez lire ou écouter ce que les critiques en pensent (le plus souvent du bien). Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, tant les thèmes abordés sont puissants : les traumatismes des rescapés de la Shoah, elle-même à peine évoquée (impuissance, mutisme, déflagration des corps et de l'esprit ); la mégalomanie et le fantasme de la culture dans un monde où seul compte l'argent (traité avec humour); le faux "rêve américain" où l'on s'aperçoit que dans ce pays les émigrés ne sont que "tolérés"; l'obsession de la création et la foi dans son talent (l'architecte, rescapé du camp de Buchenwald, commandité par son mécène pour créer un établissement à la mémoire de sa défunte mère, se bat contre vents et marées pour imposer ses idées, au risque de devenir mégalomane lui-même).
Il y a deux scènes de sexe entre l'architecte et sa femme (très belle), rescapée d'un autre camp elle aussi, particulièrement émouvantes et belles : la première quand ils se retrouvent pour la première fois dans un lit, - lui arrivé aux USA des mois plus tôt et espérant son retour, elle le rejoignant enfin, mais en fauteuil roulant, le suppliant de lui faire l'amour après l'avoir tant fantasmé à l'intérieur du camp, déclarant qu'elle savait ce qu'il avait fait (il allait voir des prostituées) mais qu'elle lui pardonnait, alors qu'il est incapable de la toucher...

La seconde, bien plus tard, après la désillusion de leur "rêve américain", tournée avec des images particulièrement sensuelles de corps et de bouches entremêlés, juxtaposées à celles d'immeubles en blocs de béton, symboles du courant architectural "Brutalist" qui est l'un des thèmes du film.
La musique, symbole du temps qui passe est omniprésente tout au long de ce film où "l'important, c'est la destination, pas le voyage".

On en ressort sonné, mais impressionné.

Thomas Degré

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