«Chacun sa croix verte»

«Chacun sa croix verte»

Mouvement contre la corruption médicale

Les médecins qui refusent les paiements informels (ou dessous de table) devraient bientot épingler une croix verte sur leur blouses. En échange ils pourraient bénéficier d’un salaire double – c’est la proposition récemment présentée par la Magyar Rezidens Szövetség (L’Alliance des Résidents Hongrois).

S’ils’agit de cesser la corruption fleurissante dans le secteur sanitaire, cette mesure permettrait également d’arrêter le flux des jeunes médecins partant travailler à l’étranger. Un jeune médecin débutant sa carrière ne gagne actuellement que 90 000 forint nets, ce qui lui permet difficilement de régler son loyer, alors qu’il peut gagner 5 à 7 fois plus en Europe occidentale. 50% des médecins qui avaient terminé leurs études en 2010 en Hongrie ont disparu du système de santé, probablement pour tenter leur chance hors des frontières hongroises. Ce taux augmente chaque année, ainsi que celui des départs en retraite de médecins.

Bien que la proposition semble logique, voire nécessaire, elle partage fortement les médecins. 90% des pédiatres adhèrent à ce principe, mais la majorité des gynécologues obstétriciens le rejette. Un sondage de l’institut de recherche Szinapszis démontre en effet que c’est ce dernier groupe qui perçoit le plus de paiements informels. Selon certaines estimations, ils demandent en général entre 70.000 et 100.000 HUF par accouchement. Le président de la Chambre Nationale des Médecins, István Éger redoute des conflits au sein de la profession médicale, surtout si un jeune diplômé peut gagner aussi bien qu’un praticien expérimenté. Le président de l’Alliance des Résidents Hongrois, Magor Papp dément cette déclaration, il souligne que selon leur proposition, chaque médecin pourrait bénéficier des mêmes avantages, quelle que soit son expérience.

Le ministère des ressources nationales (NEFMI) a récemment déclaré que cette solution va de paire avec leurs objectifs. Ils attendent cependant que les médecins bénéficiant du salaire double assument des responsabilités supplémentaires, par exemple apporter de l’aide aux ambulanciers et qu’ils ne travaillent pas à l’étranger. Selon les statistiques, si 25 000 médecins rejoignaient le mouvement croix verte, l’augmentation de 100% des salaires coûterait 60 milliards de forints à l’État. Cette somme ne représente que 0,002% du budget central. Le problème, c’est qu’aujourd’hui le secteur de la santé est en difficulté financière et parvient à peine à régler les rémunérations des médecins. Les hôpitaux doivent faire face à une dette de 40 milliards de forints. C’est donc une aide beaucoup plus conséquente de la part de l’Etat que ce secteur réclame.

Une des questions qui fait débat : comment s’assurer que ceux qui portent la croix n’acceptent pas réellement de sommes supplémentaires ? Selon Magor Papp, si le patient voit la croix verte sur la blouse de son docteur, logiquement il ne lui versera pas de somme supplémentaire. Les exemples européens montrent qu’on peut aussi vérifier le niveau de la corruption avec des faux patients, des employés, ...

Judit Zeisler

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