Marathon des films classiques, la fête budapestoise du cinéma
C’est par un incontournable français concocté dans la clandestinité sous l’Occupation (« Les Enfants Du Paradis » de Marcel Carné, Jacques Prévert, Joseph Kozma et Alexandre Trauner) suivi d’une coproduction franco-magyare (« Les Héritières » de Márta Mészáros avec une somptueuse Isabelle Huppert) que le marathon des films classiques s’est ouvert le 4 septembre à Budapest. Le lendemain, nostalgiques et amateurs du septième art hexagonal ont pu découvrir la version restaurée des « Parapluies de Cherbourg », chef-d’oeuvre de Jacques Demy, plus de 50 ans après sa sortie en salles.
Inaugurée au cinéma d’art et d’essai Uránia par György Ráduly, directeur des archives cinématographique nationales (Magyar Nemzeti Filmarchivum), la troisième édition du festival réunit près de cent projections en une semaine dans quatre salles à Budapest ainsi que dans les grandes agglomérations provinciales d’Eger et de Győr. Un écran géant a été monté sur le parvis de la Basilique Saint-Etienne afin de permettre au public de voir un large panel des productions proposées.
Le cru 2019 du Film Maraton honore l’harmonie entre musique et cinéma. D’où la présence de Michael Nyman, compositeur de la bande originale de la « Leçon de Piano » de Jane Campion, attendu lundi à Budapest pour la projection d’une version modernisée de « L’homme à la caméra », film soviétique muet de 1929 musicalisé par le maestro. Parallèlement, un colloque international appuyé par le concours de plusieurs cinémathèques françaises s’est déroulé durant le Festival à l’Institut Français autour de la restauration des vieux films et de l’intérêt de ce genre de rendez-vous.
Le Film Maraton 2019 est également l’occasion d’un hommage appuyé à l’influent producteur américain d’origine hongroise Andy Vajna, ancien directeur du MNF disparu le 20 janvier dernier. Un cycle de projections salue également Michael Curtiz, réalisateur magyar de Casablanca et figure de l’âge d’or d’Hollywood avant et juste après la Deuxième Guerre Mondiale. Sans oublier la captation du concert pestois de Queen en 1986, projetée samedi devant la Basilique et co-réalisée par Vilmos Zsigmond, regretté collaborateur de Scorsese, Brian De Palma et autres piliers du Nouvel Hollywood.
Jeudi, les spectateurs ont eu l’opportunité de rencontrer la comédienne slovaque Maria Vasaryova à Uránia lors de la diffusion d’une « Blonde Emoustillante » (1980) de Jiri Menzel, évocation des souvenirs d’enfance de l’écrivain tchèque Bohumir Hrabal dont le roman éponyme fut édité en 1974. Vendredi, l’innénarrable Pierre Richard, portant haut ses 85 printemps, se racontait lors d’une conférence de presse à l’hôtel Kempinsky devant un parterre de journalistes avant la projection du « Grand Blond Avec Une Chaussure Noire », pochade comique intemporelle qui lui ouvrit la célébrité.
L’acteur allemand Udo Kier remarqué pour ses rôles dans « Histoires d’O », « Suspiria » de Dario Argento, « Lola » de Fassbinder et « Epidemic » du sulfureux cinéaste danois Lars Von Trier, se confiera lors d’une master-class ce samedi en prélude des trois volets de Psyché visibles à Uránia. « Chère Emma » d’István Szabó clôturera le festival, toujours à Uránia, en présence de l’actrice hollandaise Johanna Ter Steeg assumant le rôle principal et du réalisateur oscarisé de « Mephisto ».
Éva Vámos et Joël Le Pavous
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