La situation des autochtones Canadiens: un combat actuel
Le mercredi 15 novembre avait lieu la projection de courts métrages à l’Institut Français. Ces derniers cherchaient à illustrer la situation des autochtones au Québec et plus largement au Canada. Une situation difficile.
L'amphithéâtre accueillait des invités de marque pour la projection de ces courts métrages. Nous retrouvions Madame Isabelle Poupart, Ambassadrice du Canada en Hongrie, en Slovénie et en Bosnie-Herzégovine. Mais ce n’est pas tout. Lucille Veilleux, productrice de films ainsi qu’Olivia Thomassie, jeune activiste inuite ont pu s’exprimer et exposer le rôle joué par Wapikoni. Elles sont toutes les deux membres de cet organisme de création audiovisuelle, dont le but principal est d’intervenir auprès des jeunes autochtones. Intervenir pour quelle raison ? Pour lutter contre les discriminations, l’exclusion et pour la valorisation de culture autochtone.
Des communautés en voie de disparition
Pas moins d’une quinzaine de courts métrages furent présentés. De nombreux aspects de l’histoire autochtone, de l’histoire du Canada furent abordés. Celle-ci fut tragique à bien des égards. En effet, les communautés autochtones ont subi au début du 20ème siècle une assimilation forcée, visant à supprimer “l’Indien en eux”. Dans un court métrage en dessin animé en noir et blanc est évoqué ce sujet, avec ces pensionnats imposant aux enfants autochtones l’anglais ou le français (en fonction que l’on se trouve au Québec ou ailleurs au Canada) et notamment le christianisme. Les nouvelles générations et les anciennes ne peuvent désormais plus se comprendre (le tout premier film l’évoque en montrant une famille avec l’arrière-grand-mère ne s’exprimant que dans la langue de sa communauté autochtone jusqu’à la petite fille qui elle ne s’exprime qu’en français).
Car en s’attaquant à la langue, se sont les liens de la communauté en elle-même qui sont attaqués. Les traditions et les coutumes se perdent. Quel est l’avenir pour une communauté sans langue et sans traditions propres ? Dans un contexte de pauvreté et d’exclusion sociale particulièrement fort (les autochtones ont un taux de chômage deux fois plus importants par rapport au taux national et plus de la moitié ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté), le désespoir et la violence s’installent. Comme nous le rappellent les intervenantes Lucille Veilleux et Olivia Thomassie, les femmes autochtones représentent 10% des femmes au Canada victimes de violences tout en représentant 3% du total et le taux de suicide chez les jeunes entre 15 et 30 ans est six fois plus élevé parmi ces populations que chez les autres. Cette dépression (abordée notamment par un court métrage intitulée “ The Weight”, le poids en français, réalisé en pâte à modeler) touche fortement cette communauté. Wapikoni cherche à la soigner en inscrivant ces jeunes autochtones dans un projet, dans une ouverture, via le cinéma.
Enfin, les courts métrages ont abordé le sujet délicat des discriminations et des stéréotypes entourant les autochtones. “Sauvages”, “chômeurs”...Ces sont là les insultes que les jeunes enfants indigènes ont entendus et subit tout au long de leur scolarité. Par ces courts métrages, Wapikoni cherche à donner la parole à ces jeunes. Loin d’une posture victimaire, le but est de partir sur de nouvelles bases, plus saines, afin qu’autochtones et non autochtones vivent en bonne harmonie.
François Lalande
- 3 vues