Une nouvelle initiative francophone à l’Université catholique Pázmány Péter

Une nouvelle initiative francophone à l’Université catholique Pázmány Péter

Rencontre avec Anikó Ádám

Depuis de très longues années, il y avait un rêve dans les milieux intellectuels hongrois ‒ c’était d’avoir  une université francophone. A l’initiative de l’Université catholique Pázmány Péter, certaines de ces aspirations  semblent se  réaliser au sein du Département de Français. Rencontre avec la directrice du Département,  Anikó Ádám.

Anikó Ádám : Oui, effectivement c’est un rêve à nous tous.  Bien sûr, je me souviens bien quand on a commencé à élaborer ce projet sur une Université francophone – et ce projet nous hante toujours. Il y a une université germanophone, l’université  Andrássy Gyula. Et puis c’est un grand rêve de créer  selon la même formule une université francophone à  Budapest. A la Faculté des Lettres et des Sciences sociales de l’Université catholique Pázmány,  il y a beaucoup de collègues qui parlent français, et pas seulement ceux du Département de Français, comme par exemple notre  vice-doyen, chargé des relations internationales, Máté Botos qui est francophone ou bien la directrice de l’École doctorale Kornélia Kiss qui est  traductrice francophone, ou Anikó Radvánszky, ma collègue au Département de Hongrois, avec qui nous codirigeons notre équipe de recherche comparatiste et interdisciplinaire, le groupe Connexion française.  Et puis, il y a des étudiants francophones et francophiles pas seulement au Département de Français, mais aussi au Département des Études en Relations internationales et en Politologie par exemple. C’est notre département qui leur assure la formation en langue française.

JFB : Les étudiants sont toujours à la recherche d’un diplôme qui convient le mieux au marché du travail. Quelles sont vos initiatives à ce sujet ?

A.Á. : Depuis deux ans on fait des efforts  pour que les diplômes universitaires en Lettres et langue françaises soient plus « rentables », qu’ils soient mieux acceptés en Hongrie et partout en Europe.

C’est un problème à résoudre autant en France qu’en Hongrie. Il y a beaucoup d’étudiants qui apprennent le français, donc le français va bien en Hongrie, ce sont des études en Lettres françaises qui vont mal. Comment rendre les lettres françaises  plus « vendables » sur le marché du travail ? C’est une question essentielle pour nous. Mais c’est un problème en France également ! J’en suis pleinement consciente ayant une coopération étroite avec l’Université Catholique de Lyon. L’idée de réformer nos formations ou compléter nos formations avec des spécialisations professionnalisantes viennent pour moi de l’Université catholique de Lyon en travaillant avec Dominique Vinay, directrice du Département des Lettres françaises. Cette université est un de nos plus anciens partenaires, il y a des échanges d’étudiants et d’enseignants depuis une quinzaine d’années.  La directrice m’a expliqué qu’à l’époque où elle était devenue directrice, ils n’avaient que 30 étudiants sur les 3 années de licence ce que la présidence de l’université n’avait pas trouvé suffisant. Dominique Vinay a réussi  à augmenter  les effectifs, elle a tourné sa formation vers le monde du travail, vers les domaines beaucoup plus pratiques et ainsi elle a introduit dans le système une spécialisation  en médiation culturelle. Ainsi les étudiants réalisent des projets en travaillant avec des théâtres et des musées de Lyon par exemple. Ces projets leur sont comptabilisés en crédits pendant leurs études de licence. Elle m’a expliqué la structure et le contenu de sa réforme, puis je l’ai adoptée et essayé de l’introduire à notre université.

JFB : Dans quel contexte  avez-vous prévu les deux nouvelles filières à l’Université Pázmány ?

A.Á. : C’est un principe européen maintenant de rapprocher le monde des entreprises et le monde universitaire et c’est dans cet esprit que nous avons prévu des partenariats effectifs, et avons cosigné des conventions avec des entreprises et des établissements culturels ‒ y compris votre journal, le JFB ‒ et puis au fur et à mesure des besoins, on peut élargir ou modifier le nombre des partenaires.  Pour promouvoir  l’ouverture des nouveaux modules en communication professionnelles et en médiation culturelle, un  Festival avec un Forum économique a été organisé par Stéphane Kalla dont il parlera lui-même.

Le principe de notre formation est très simple : les spécialisations facultatives  se déroulent à l’intérieur de notre licence. L’étudiant peut commencer ses études au Département de Français et de Lettres, puis à la fin de sa première année, il peut choisir, entre autres, une des deux spécialisations dont l’une est la Communication Professionnel (économie, gestion, administration, management et marketing). L’autre spécialisation sera la Médiation culturelle (journalisme, arts, culture et médias).

Suite à des cours magistraux et travaux pratiques concernant l’économie, la gestion culturelle ou les institutions économiques et culturelles, effectués à notre département, les étudiants doivent réaliser des projets de stage pendant le dernier semestre de leur formation chez un de nos partenaires, entreprise ou institution culturelle.

Ainsi l’étudiant aura un diplôme de licence de Lettres françaises, complété par une sorte de brevet sur la spécialisation avec ses expériences du dernier semestre – un atout formidable pour commencer sa carrière.

Ce n’est pas une  formation en marketing, gestion ou médiation mais une formation professionnalisante en français, basée sur de solides connaissances  culturelles, linguistiques et littéraires  françaises au cours de laquelle les étudiants apprennent à mettre en pratique les outils et les compétences linguistiques de tel ou tel métier. Pour la réalisation de ce projet, notre département est fort soutenu par la direction de la Faculté, car la francophonie est  importante à notre Université.

Propos recueillis par Éva Vámos      

Plus de détails :

 

 

https://btk.ppke.hu/karunkrol/intezetek-tanszekek/romanisztikai-intezet/francia-tanszek

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Photo : http://www.obscura-entertainment.eu/

 

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