Duchamps et Eluard jouent aux échecs. De dada au surréalisme

Duchamps et Eluard jouent aux échecs. De dada au surréalisme

Une exposition du Musée d’Israel à la Galerie Nationale de Budapest

Rencontre avec le directeur général du Musée: James Snyder

Une riche collection du musée situé sur les collines de Jérusalem est arrivée sur les collines de Buda à la Galerie Nationale pour présenter les objets d’art du mouvement dada et du surréalisme. A la Galerie Nationale une exposition paralelle dédiée aux artistes hongrois de la période - fut également inaugurée.

Nous avons rencontré le directeur James Snyder et la commissaire Adina Kamien-Kazhdan.

 

 

Éva Vámos: Quel est le défi, pourquoi avez-vous choisi les oeuvres d’art du mouvement surréaliste de votre collection pour Budapest ?

James Snyder: Nous avons cette collection du mouvement dada et des surréalistes , cette donation d’Arthuro Schwartz depuis 1998. Je pense qu’en plein coeur de l’Europe centrale c’est dans cette région que l’on peut situer l’émergence de l’avant-garde artistique. Notre musée est encyclopédique, possède des oeuvres vieilles de mille ans d’histoire des manuscrits de la Mer morte à l’art contemporain.

Mais à l’heure où nous commémorons le début de la Grande guerre il est intéressant de voir comment, justement, à cette époque là – au coeur des horreurs de la guerre – ces mouvements d’art subversifs sont nés dans cette région. C’était souvent des artistes originaires d’Europe centrale et même des Hongrois qui sont partis à Paris. Et maintenant ces oeuvres retrouvent leur terre natale, ainsi que moi dont ma mère est d’origine hongroise.

Nous avons apporté des oeuvres emblématiques comme le Chateau des Pyrénées de Magritte, ou alors la Danseuse espagnole de Miró, celle-ci est ma préférée – car elle montre bien comment l’artiste s’engage sur le chemin de l’art non-figuratif.

Éva Vámos: En dehors des toiles célèbres on découvre des photos et des photo-montages où Eluard, Duchamps et Man Ray tour à tour jouent aux échecs. En plus de ces oeuvres-ci le musée nous présente une grande difversité d’oeuvres . Vous, en tant que commissaire quels sont les oeuvres que vous pensez être les plus importantes ?

Adina Kamien-Kazhdan: Je crois que je suis surréaliste ou dadaiste dans l’âme. Ces mouvements artistiques m’attirent beaucoup. J’aime la liberté d’esprit que ces mouvements représentent. Je crois que beaucoup de ces idées sont une sorte de fil conducteur et cela même de nos jours.

Duchamps voulait que chaque artiste se réinvente et que cela aboutisse chaque fois à une meilleure qualité artistique. Je pense que beaucoup d’artistes ont rendu hommage à Duchamps sans se contanter de répéter ses oeuvres. Grâce à la parfaite coopération entre nos musées on verra dans la collection hongroise quelques nouvelles idées comme „ des ready-made” – que Duchamps aurait aimé.

Notre musée a des collections particulièrement riches en art contemporain. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai choisi ce sujet de recherches sur lequel j’ai déjà écrit. A Jérusalem nous présentons aussi des travaux sur papier mais en prenant précautions pour ne pas endommager l’oeuvre. Il faut donc soulever une couverture pour voir ! Je l’appelle couvertures de voyeurs – et cela aussi c’est l’esprit de dada. A Budapest non plus nous n’avons pas mis les ready-meade sur un socle – cela donne également une certaine dimension d’art subversif.

Nous avons la riche collection d’Art dada et surréaliste grâce à la générosité de Vera et Arturo Schwarz. Arturo Schwarz est né à Alexandrie, il est essayiste, auteur de plusieurs ouvrages mais aussi grand collectionneur. Expulsé d’ Egypte pour ses activités politiques il lance à Milan une maison d’édition et ouvre une galerie qui devient un haut-lieu des dadaistes et des surréalistes . Il a légué une grande partie de ses collections au Musée d’Israel qu’il vient voir tous les ans, malgré son grand âge, 90 ans.

Éva Vámos

Photo : Csilla Katona 
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