Accompli derrière les barreaux
Emprisonnés et employés
Le travail des prisonniers pourrait avoir pour conséquence de diminuer significativement certaines dépenses publiques, cependant les possibilités de travail en prison sont aussi réduites que les cellules des établissements pénitentiaires.
Actuellement en Hongrie, environ 17 300 personnes purgent une peine de prison, mais seulement 3000 d’entre eux travaillent, bien que les trois quart des détenus soient capables d’effectuer une activité utile. Le gouvernement souhaite aujourd’hui augmenter cette modeste proportion. Dans une proposition récente, il incite l’administration publique à commander certains produits directement aux prisons. Le ministère des Affaires intérieures propose ainsi que l’année prochaine, le travail réalisé en prison permette de financer 65 % des frais de fonctionnement de chaque établissement pénitentiaire, puis 80% en 2013. Aujourd’hui leur coût de fonctionnement s’élève à 41 milliards de forints.
Cette année, les prisonniers ont cousu, pour une valeur de 1,8 milliard de forints, au moins 10 000 uniformes de police. Plusieurs villes ont déjà employés les prisonniers pour nettoyer les espaces publics, comme Sopron, cet été, après le festival VOLT. Les condamnés contribuent également à la maintenance des établissements pénitentiaires. Actuellement, seules 12 sociétés en propriété publique s’occupent de leur assurer un emploi ; 8 sont spécialisées dans l’industrie et 4 dans l’agriculture. D’après la réforme envisagée, ils pourraient également fabriquer des meubles, des produits textiles, des chaussures, certains produits alimentaires et assurer des services de laverie. Ailleurs, ce système marche très bien, comme en Slovaquie, où les prisonniers fabriquent les meubles pour toute l’administration publique.
Cependant l’emploi des prisonniers a quelques inconvénients : il implique des coûts supplémentaires puisqu’ils bénéficient du fait de leur travail d’une couverture de la Sécurité Sociale. On constate également une proportion importante de produits défectueux. De plus les prisonniers ayant souvent un faible niveau d’éducation, l’administration doit généralement leur payer une formation. Malgré cela, la fabrication de produits derrière les barreaux coûte bien moins chère que sur le marché du travail. Les prisonniers ne peuvent gagner qu’un tiers du salaire minimum, soit environ 25 000 forints par mois, auxquels les institutions soustraient encore 300 Ft chaque jour pour couvrir les frais de leur alimentation et de leur logement. Les experts pensent que le travail est un bon moyen pour préparer la réintégration des prisonniers dans la société.
Pas de galère
L’emploi des prisonniers est une longue tradition en Hongrie. En 1723, le roi Charles III avait déjà ordonné de faire travailler les prisonniers, et il ne s’agissait pas du travail forcé dans les galères. Avec cette méthode, il espérait que les détenus s’intégrerait mieux dans le monde du travail à la fin de leur détention. Ce système fonctionna si bien qu’il provoqua la colère des producteurs libres car les produits en provenance des prisons étaient également à l’époque beaucoup moins chers. Par exemple, lors de la révolution de 1848, ce sont les prisonniers qui ont cousu les uniformes des soldats hongrois. Ainsi, Sándor Rózsa, le bandit le plus connu du XIXème siècle, a passé de longues années laborieuses en prison à repriser des chaussettes et ce, jusqu’à sa mort.
Judit Zeisler
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