Le destin de Rajvinder Singh

Le destin de Rajvinder Singh

Et ses poèmes incarnant la tolérance  

C’est à la maison des écrivains de Budapest que le poète Rajvinder Singh a donné rendez-vous au public. Ses poèmes existent déjà en anglais et en allemand. Cette fois-ci, ses œuvres littéraires sortent en hongrois en attendant la traduction française.

Versant autobiographique

C’est en tant que « Stiefmuttersprache », (langue belle-mère) que Rajvinder Singh a adopté l’allemand. Le poète et écrivain d’origine indienne a quitté sa terre natale à l’âge de 16 ans lorsque son père l’a mis à la porte, alors que Rajvinder Singh s’opposa à lui. Son père issu d’une famille aisée voyait son premier fils, chainon fondamental de la famille, exercer le métier de médecin. Contrairement à la tradition indienne où le premier fils doit réaliser les vœux du père, Rajvinder, du haut de ses 16 ans rêve d’une carrière littéraire. Il part pour la Hollande avec l’aide d’amis néerlandais. Les Pays-Bas s’avèreront en fait simple lieu de passage pour rejoindre Berlin. Le Goethe-Institut offrait des possibilités d’apprentissage de langues. Dans son pays d’accueil, Singh garde des enfants et fait des ménages pour se créer une existence et commencer à poursuivre ces études autant rêvées : des études littéraires.

La fuite comme source d’inspiration

Cette fuite inspira de nombreux poèmes de son cru et représente le centre d’inspiration de l’artiste : c’est un élément majeur qui contribue au développement de l’homme : les hommes ont fui d’Afrique pour voir d’autres horizons. La bible fut aussi écrite lors d’une fuite. L’Allemagne n’est cependant la terre d’accueil utopique qu’il décrit dans ses recueils. Un soir, alors que Rajvinder Singh longeait les quais de métro, un groupe de néo-nazis s’empara de lui, voulant le jeter sur les rails. Rajvinder Singh évita le pire en se débattant mais cet évènement laissa des traces profondes. Prendre le métro n’était plus une option.

La tolérance, œuvre de sa vie

Il décida de créer une organisation contre le racisme nommée « Courage contre le racisme » (« Courage gegen Fremdenhass »). Il parcourt avec l’organisation les écoles pour y entreprendre des projets fondés sur l’apprentissage de la tolérance. En effet, le poète a fait de ce progrès contre le racisme son projet à long terme.

Selon l’artiste, l’homme pour être homme doit être né quelque part. Il s’agit d’une coïncidence dont l’homme n’est pas responsable. Ce que l’homme en fait et où il part fait partie de sa responsabilité. Il est né par hasard en Inde mais n’est pas venu par hasard en Allemagne. Ses poèmes évoquent régulièrement cette différence. Les mots patrie et origine sont souvent opposés au mot habitat.

Rajvinder Singh incarne parfaitement le slogan européen : la différence fait la force. Les langues, surtout l’allemand, regorgent de mots anglais dans leurs vocabulaires respectifs comme computer, mainstream… Ils s’intègrent parfaitement dans la langue et l’enrichissent.

Pourquoi serait-ce différent avec les hommes ? Pourquoi ne pas intégrer les réfugiés pour apprendre d’eux ? Les adopter afin d’enrichir la société ? Tels sont les questionnements que Singh expose dans ses poèmes et lors de la conférence donnée dans la maison des écrivains. Le poète a enchanté le public non seulement avec ses rimes mais également en interprétant des chants indiens portés par sa voix.

Lisa Coiffard

 

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