Rodin, un génie taillé dans la pierre

Rodin, un génie taillé dans la pierre

Ce 17 octobre à l’Institut Français, l'amphithéâtre affichait complet. Quinze minutes avant le début du film. La raison ? La projection du film “Rodin” qui évoque la vie du célèbre sculpteur, en présence de Jacques Doillon le réalisateur. On comprend l’engouement suscité.


Depuis début septembre étaient diffusés régulièrement dans l'amphithéâtre des films mettant à l’honneur nos sens (1). Ce cycle entamé il y a un mois avait glorifié notre goût avec “Saint Amour”, notre ouïe avec “La famille Bélier” ou encore notre odorat avec “Le parfum: histoire d’un meurtrier”. Il était temps que notre touché soit flatté lui aussi.

Le film se concentre sur une partie de la vie de Rodin. Il aura vécu 77 années, 77 années riches et passionnées. Le réalisateur a fait le choix de laisser de côté son enfance et sa vie de jeune adulte. Sa fin de vie est complètement ignorée elle aussi.

Un génie contesté

Le film débute en 1880. Auguste Rodin n’est pas un inconnu. Depuis 1877 et son “Âge d’Airain” les commandes officielles ne cessent d’affluer. Ses statues semblent si vivantes, si réelles, si animées...On l'accuse par ailleurs de mouler directement sur ces modèles. Accusation fausse évidemment. Rodin est un génie et un travailleur acharné, ce qui sort de ses ateliers en sont le fruit. Des chefs d’œuvres.

L'État commande à ce sculpteur de génie une porte d’entrée, qui deviendra la porte des enfers, du musée des arts décoratifs. Nous suivons le travail d’Auguste Rodin dans l’érection de ce groupe de sculptures absolument grandiose, qui ne sera cependant jamais achevé. Ce n’est pas la seule œuvre que l’on lui voit réaliser. Au fil du film, on se prend de passion pour son œuvre et plus particulièrement pour son monument à Balzac. Celui-ci sera décrié par la critique, avec virulence. Les dernières images à l’écran montrent cette sculpture présente au Japon. Une manière de montrer la victoire posthume d’Auguste Rodin selon le réalisateur.

Rodin: une seule véritable passion, son travail

Jacques Doillon a affirmé suite à la projection que les films étaient des nouvelles. Deux heures, c’est peu. C’est même beaucoup trop peu pour “creuser” la personnalité d’un personnage, son caractère.  Autant les limiter. C’est donc pour cela qu’il a souvent mis à l’écran trois personnages essentiels. On retrouve dans ce long métrage le même procédé. Le réalisateur cherche à capter la véritable identité de Rodin, de Camille Claudel son élève et son amante et de Rose, la fidèle amie du sculpteur. Jacques Doillon nous montre les relations qui les lient, leurs évolutions. Malgré la tendresse qu’éprouve Rodin pour ces dernières, c’est bien son art son véritable amour, c’est pour son art qu’il dédie sa vie. Ses enfants ne sont pas ceux qu’il a eus avec Rose et Camille et qu’il n’a d’ailleurs jamais reconnu. Non. Ses enfants sont faits de terre et de glaise.

Nous pouvons regretter l’interprétation faite de Rodin par Vincent Lindon, un Rodin qui baragouine plus qu’il ne parle. Faire du sculpteur un homme ayant la parole rare est une chose. Cela n’interdit pas de le comprendre lorsqu’il s’exprime. De plus, certaines séquences et certains dialogues sont beaucoup trop longs. Vingt minutes auraient dû être enlevées au montage. L’histoire manque malheureusement cruellement de dynamisme par moments.

Plusieurs films avaient été réalisés sur Camille Claudel. Auguste Rodin était jusqu’à ce jour étrangement absent de la filmographie. Jacques Doillon a au moins le mérite d’avoir mis en lumière un artiste aussi talentueux. Un génie tout simplement.

François Lalande

 

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