Origine en question

Origine en question

Le 27 mars dernier, un article du quotidien américain New York Times a déclenché un scandale en accusant la Hongrie de fournir des munitions de qualité médiocre aux forces militaires américaines en Afghanistan.

 

 

Selon l’article, le Pentagone avait passé commande à AEY Inc., une petite entreprise américaine qui fournit des munitions aux troupes américaines en Afghanistan. La qualité inacceptable des munitions, et surtout leur origine douteuse, ont attiré l’attention des autorités américaines sur Efraim Diveroli, chef de l’entreprise AEY Inc. à Miami Beach. Selon lui, les cartouches venaient de l’ancien bloc soviétique. Il a également mentionné l’entreprise hongroise MFS 2000…

La parution de cet article a suscité de nombreuses réactions tant aux Etats-Unis qu’en Hongrie. Le secrétariat à la défense américain a mené une enquête à l’issue de laquelle il a été conclu que les munitions avaient été fabriquées en Chine au cours des années 1960. Depuis, elles étaient stockées dans un entrepôt albanais. (La Chine a eu d’importantes bases militaires en Albanie pendant plusieurs décennies.) C’est probablement en collaboration avec le propriétaire d’un de ces anciens entrepôts que la société AEY a acquis ces cartouches, en dépôt depuis plus de quarante ans, alors que, selon les réglementations en vigueur, des munitions ne peuvent être utilisées que pendant les vingt premières années après leur fabrication. Le New York Times online a diffusé des photos sur lesquelles on voit que les balles sont sales, rouillées, quelques-unes déformées et abîmées. Selon les spécialistes, les soldats qui utilisent des cartouches de si mauvaise qualité sont exposés à de graves accidents. L’enquête a révélé que même si la Hongrie était nommée comme pays de provenance sur les étiquettes, les paquets venaient en fait de Chine. Washington a immédiatement suspendu les commandes de l’entreprise AEY Inc. et décidé d’accorder plus d’attention aux acquisitions militaires. L’affaire est d’autant plus délicate pour le Pentagone que parmi les entreprises qui ont aidé AEY Inc. à conclure cet achat, plusieurs figurent sur la liste des sociétés qui sont accusées de participer au commerce illégal d’armes.

Mais si nous essayons de remonter le fil de l’histoire en décortiquant les réactions hongroises, on risque de se perdre dans le labyrinthe des aveux. Les enquêtes ordonnées par le premier ministre, Ferenc Gyurcsány, ont très vite acquitté l’armée hongroise et l’entreprise MFS 2000. Le ministère de la défense nationale a même publié un communiqué afin de préciser qu’il n’avait jamais vendu de munitions, et que les cartouches qui n’étaient pas uti-lisées en Hongrie étaient systématiquement détruites. Il avoue avoir offert des munitions il y a quelques années à l’armée nationale afghane, mais cela à titre de don, sans qu’aucune entreprise privée n’y ait participé. En même temps, le communiqué que l’entreprise MFS 2000 a publié sur son site Internet contient des informations contradictoires avec celles du gouvernement hongrois. L’entreprise admet qu’elle a vendu des munitions pour AEY Inc. au cours de l’année 2007, et qu’en réalité il s’agit de cartouches que la société a obtenues de l’armée hongroise… Selon MFS, la réglementation internationale du commerce extérieur des armes a été respectée et les munitions avaient toutes les certificats de qualité nécessaires. L’entreprise nie les accusations de AEY Inc. et se dit prête à prendre des mesures légales si sa réputation n’est pas rétablie.

La Hongrie a adhéré à l’OTAN en 1999 et son corps d’armée en Afghanistan compte actuellement 225 soldats. Le lendemain du sommet de l’Organisation à Bucarest, Ferenc Gyurcsány a annoncé l’envoi de 80 à 100 soldats hongrois supplémentaires qui auront pour mission la défense de la sécurité de l’aéroport de Kaboul et l’ins-tallation d’une unité d’opérations spéciales.

Anna Bajusz

 

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