Inauguration de l’exposition « Every Past is my Past »

Inauguration de l’exposition « Every Past is my Past »

Une collection de plus de trois cents photographies des archives Fortepan a été présentée le lundi 15 avril à la Galerie nationale hongroise à la veille de l’inauguration d’une exposition retraçant l’Histoire de la Hongrie et de sa capitale au XXe siècle. Pour l’occasion, une conférence de presse et une visite de l’exposition se sont tenues en compagnie de László Baán - directeur du Musée des Beaux-Arts et de la Galerie nationale à Budapest - et de Miklós Tamási, lui qui a commencé à récolter des milliers de photographies dans des déchetteries et des petites brocantes à partir des années 1980 avec son camarade Ákos Szepessy. Ces derniers ont finalement mis à disposition les archives Fortepan en 2010 (qui comptent plus de 110'000 photographies aujourd’hui en libre service sur le site internet). De nos jours, c’est une collection d’archives en expansion permanente puisque de nombreux donateurs, des photographes professionnels et amateurs ou encore des institutions publiques fournissent régulièrement leurs photos à la collection Fortepan.

Une exposition intimement liée à l’Histoire contemporaine de la Hongrie

Il convient de préciser que la grande majorité des photographies exposées actuellement à la Galerie nationale hongroise (jusqu’au 25 août prochain) concernent une période précise puisqu’elles ont été prises pour la plupart entre 1900 et 1990. L’on devine aisément qu’une partie significative des images sélectionnées pour cette exposition sera dédiée aux deux Guerres mondiales ainsi qu’à la période de la Guerre froide. Pour autant, la force de ces photographies est qu’elles laissent entrevoir la vie typique des Hongrois au XXe siècle dans des scènes quotidiennes tout à fait banales : des fêtes avec de la danse, des compétitions sportives, du loisir et des jeux… L’on constate ainsi toute la diversité de ces images en noir et blanc qui proviennent bien souvent de photographes amateurs. En l’espace de quelques secondes, le visiteur entre humblement dans l’histoire intime de familles, d’amis et plus largement de compatriotes partageant des moments simples ou qui, pour certains, resteront dans l’histoire.

Néanmoins, la légèreté n’est évidemment pas toujours de mise. Quantité de photographies représentent des périodes des deux Guerres mondiales et leurs conséquences douloureuses telles que la destruction de lieux à Budapest. Par exemple, l’exposition nous permet de découvrir quelques photos méconnues de Carl Lutz, un diplomate suisse (reconnu comme Juste parmi les nations par l’Etat d’Israël en 1964) qui a sauvé plus de 60'000 Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale en leur fournissant des documents officiels pour les sauver. Ses photographies sont frappantes et permettent d’entrevoir la destruction de la capitale hongroise par les nazis.

En parallèle, en longeant un couloir de la Galerie, le visiteur peut s’attarder sur des images comparant l’état de lieux à Budapest au terme de la Seconde Guerre mondiale à leur apparence d’aujourd’hui. Le procédé est efficace et permet d’appréhender parfaitement les dégâts causés par l’un des sièges les plus destructeurs de la Guerre lors duquel l’armée hongroise et allemande a affronté les troupes soviétiques de décembre 1944 à février 1945. Un siège d’une centaine de jours qui s’est conclu notamment par la destruction des sept ponts sur le Danube (voir ci-dessus) et par des dizaines de milliers de morts.

Dans cette exposition de photographies des archives Fortepan, les moments déterminants cachés derrière les dates historiques apprises à l'école s'inscrivent dans la perspective de nos vies ordinaires. En examinant notre passé commun, l’exposition rafraîchit la mémoire en rappelant des événements que nous n’avons peut-être pas vécus nous-mêmes mais qui nous sont liés d’une certaine manière, et comme Zsuzsa Rakovszky le résume parfaitement dans un poème : "Chaque passé est mon passé" (« Every past is my past »).

Lucas Da Silva

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