La déchetterie à la budapestoise

La déchetterie à la budapestoise

Deux fois par an, les quartiers de Budapest sont envahis, les uns après les autres, par des tas d’ordures et de déchets les plus divers. Ce qui semble un spectacle tout à fait original pour les étrangers est nommé « lomtalanítás » par les habitants de la capitale. Il s’agit d’un grand débarras collectif, plutôt anarchique dans son ensemble. Heureusement, de nouvelles règles devraient rendre le processus moins spectaculaire qu’il ne l’est actuellement.

 

Le «lomtalanítás» offre la possibi-lité aux habitants de Budapest de se débarrasser de leurs déchets qui sont trop encombrants. Ces vieux objets sont mis, lors du débarras, dans la rue, devant les maisons. Le premier «lomtalanítás» a été organisé en 1972, quand on a récupéré près de 2500 mètres cube de déchets. En 2004 ce chiffre a atteint les 350 000 mètres cubes. La collecte est organisée chaque année par l’Entreprise de l’Aménagement des Voies Publiques de la Capitale.

Il est aussi possible de faire transporter les objets indési-rables en dehors de la période du débarras, en assumant les frais de transport.

Les arrondissements de Budapest sont maintenant divisés en des unités plus restreintes où l’on récupère périodiquement les déchets. La date était autrefois indiquée dans la presse, mais les orga-nisateurs se sont enfin rendus compte que ses effets étaient parfois difficilement supportables en raison des petits groupes de ramassage dont la plupart sont composés de gens provenant des classes les plus pauvres, généralement des Tsiganes et des sans-abri. Pour ces groupes-là le «lomtalanítás» est une bonne opportunité de gagner un peu d’argent et de récupérer des objets qu’il ne pourraient pas se procurer autrement, c’est pourquoi bien souvent, ils montent la garde à côté de leur propre tas de déchets (le premier arrivé en devient le «propriétaire») pendant des journées, en attendant qu’arrive la voiture de leurs proches pour transporter le « butin ». Outre le fait que tout cela n’est pas beau à voir, cela peut aussi empêcher la circulation, et dans les rues et sur les chaussées, créant une image plutôt négative de la ville. Or, ces derniers temps, seuls les habitants des maisons concernées sont informés de la date du «lomtalanítás» par courrier ainsi que par une affiche placardée dans les immeubles par l’entreprise orga-nisatrice. Théoriquement, les ramasseurs ne peuvent pas connaître la date exacte. Bien entendu, ils essayent tout de même de se renseigner sur les détails par téléphone (selon l’entreprise, ils reçoivent près de 300 coups de fil par jour qui proviennent de toute évidence des ramasseurs).

Grâce à la subdivision des arrondissements, la collecte des déchets est devenue plus efficace et plus rapide. D’après les nouvelles règles, on peut les sortir la veille du «lomtalanítás» et dès le lendemain ils seront transportés (autrefois, le transport durait plusieurs jours). Ainsi, selon la conception de l’entreprise l’événement ne durerait qu’une seule journée, mais la réalité c’est que cela traîne encore pendant au moins deux jours. Heureusement, le «lomtalanítás» n’est jamais organisé lors des fêtes nationales et religieuses, ni au mois d’août.

D’ailleurs, les Hongrois ont un retard significatif en ce qui concerne la déchetterie, beaucoup de gens mettent des ordures polluantes (batteries, produits chimiques, huiles, tubes luminescents, etc…) dans la poubelle. Depuis quelques années, on peut les déposer pendant le «lomtalanítás» à des endroits désignés pour les produits toxiques. La collecte sélective pourrait, elle aussi, marcher mieux, mais il est vrai que le nombre des poubelles sélectives n’est pas encore assez élevé dans la capitale. La vérité est que la « culture des déchets» en est encore à ses premiers pas en Hongrie.

Tímea Ocskai

 

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