Elections en Roumanie - Le point de vue hongrois
Le parti hongrois UMDR a obtenu 6,7% des voix lors des élections parlementaires en Roumanie, lors desquelles peu de Roumains se sont déplacés aux urnes. Selon László Tôkés, évêque protestant de Transylvanie, le RMDSZ a gagné avec une trop grande avance.
Avec 6,7% des voix, l'Union démocrate des Hongrois (UMDR) a dépassé le seuil des 5% nécessaires pour entrer au Parlement roumain. Ce parti a d'ailleurs figuré dans chaque gouvernement depuis 1996. Autre résultat «positif» des élections : le parti d'extrême droite anti-hongrois (Parti de la Grande Roumanie, PRM) n'a pas pu dépasser ce score. C'est la première fois qu'il ne sera pas représenté au Parlement.
L'UMDR aura désormais 22 représentants dans la Chambre des députés, ainsi que 9 places au Sénat.
En revanche, aux yeux de László Tôkés, évêque protestant de Transylvanie et président du Conseil National Hongrois de Transylvanie, «les raisins sont trop verts». Selon lui, le RMDSZ aurait «trop gagné» lors des élections organisées le 30 novembre dernier. Il pense que ce résultat dévoile l'insuffisance de la culture démocratique hongroise en Roumanie, car ce résultat entraîne ce qu'il appelle la situation de «monopole» de l’UMDR. Il ajoute que le pouvoir de la communauté hongroise ne sera pas accru puisque la probabilité d'une grande coalition entre les deux grands partis augmente. Comme nous l’écrivions il y a un an (JFB du 13 décembre 2007), Tôkés et l'UMDR ne figuraient pas sur la même liste lors des élections du Parlement européen. L' évêque, qui était soutenu l'année dernière par le Fidesz – parti de droite en Hongrie –, souhaite désormais que l'UMDR «commence à faire de la politique en faveur des Hongrois», au lieu de lutter pour sa participation dans la coalition. Cependant, il ne semble pas s’interroger sur la raison pour laquelle c’est l'UMDR qui reçoit la majorité écrasante des votes des Hongrois depuis déjà douze ans. Peut-être les électeurs hongrois jugent-ils tout autrement que lui la question de la représentation adéquate de leurs intérêts...
Quelles sont les intentions et les possibilités de l'UMDR?
Contrairement à ce que semblait supposer Tôkés, le parti hongrois était déjà en contact avec tous les partis qui allaient constituer le futur Parlement roumain et des négociations préliminaires avaient été entamées entre eux. Pour le PSD-PC (alliance entre le Parti Social Démocrate et le Parti Conservateur) et le PDL (Parti démocrate libéral), l'UMDR est un allié important pour assurer une législation stable et durable. Pour les libéraux (PNL), une alliance commune serait bien vue lors de négociations pour une éventuelle coalition. Ces derniers veulent garder l'avantage de voir l’un des leurs à la tête du pays (le premier ministre actuel est Calin Popescu-Tariceanu, membre du PNL). Le leader du parti hongrois, Béla Markó, s’est dit satisfait des résultats et s'est déclaré ouvert à toutes les possibilités, bien que les libéraux lui soient en effet plus proches. Ce qui est particulièrement prometteur pour le futur du plus grand parti hongrois de Roumanie, c'est le fait que la moitié des représentants de l'UMDR ont remporté leurs mandats pour la première fois : en effet, 11 des 22 députés et 5 des 9 sénateurs occupent ces postes pour la première fois.
Timea Ocskai