La musique classique, un fleuron hongrois

La musique classique, un fleuron hongrois

Budapest Clin d’oeil

 

Prenez un instant pour écouter la Campanella de Franz Liszt, ou bien devrais-je dire de Ferenc Liszt car ce compositeur et virtuose était bel et bien hongrois, et vous aurez une furieuse envie de musique classique. En effet ce célèbre et romantique morceau pour piano est idéal pour initier les néophytes à la grâce de cette musique universelle. La Hongrie tient dans ce domaine un rang prestigieux, et brille par l’excellence de ses artistes et la richesse de ses programmes musicaux. Grâce à une rencontre avec M. Péter Boldoghy Kummert, directeur des Ensembles Musicaux MR (Magyar Rádió), me voici en mesure de vous en donner une idée plus précise et notamment avec quelques chiffres : il y a 10 orchestres symphoniques à Budapest, alors que Londres par exemple n’en compte que 5. Budapest est ainsi la capitale d’Europe centrale la mieux équipée en la matière. La qualité rejoint la quantité de ces fameux orchestres et ceux-ci ont une notoriété mondiale. Pour preuve leurs nombreuses invitations à se produire dans les salles les plus prestigieuses du monde entier.

Un des orchestres symphoniques notamment, le MÁV, l’orchestre des Chemins de Fer hongrois, a régulièrement accompagné les célèbres ténors Luciano Pavarotti, Placido Domingo ou José Carreras. L’excellence des musiciens hongrois se vérifie par leur présence dans les meilleurs orchestres du monde, et tels les sportifs de haut niveau sollicités par les meilleurs clubs, le premier violoncelle de l’orchestre philharmonique de Vienne et le trompettiste soliste de l’orchestre philharmonique de Berlin sont tous deux hongrois. Les longues traditions musicales du pays et la formation offerte aux musiciens en herbe sont certainement à l’origine de ce succès. Ainsi, les enfants bénéficient dès l’école primaire de deux heures de musique par semaine. L’Académie de musique Ferenc Liszt, Zeneakadémia, est la plus importante école de musique hongroise et l’une des plus célèbres d’Europe centrale. La présence de plus de 50 % d’élèves étrangers chaque année atteste de sa réputation. Ferenc Liszt en fut l’un des fondateurs, le premier président et était professeur de cette université qui est la seule de Hongrie à délivrer un doctorat en musicologie.

Aussi, aux artistes et orchestres de qualité, s’ajoutent les salles de Budapest. Les trois incontournables sont l’Académie de musique Ferenc Liszt ci-dessus mentionnée, située sur la place du même nom, l’Opéra national, avenue Andrássy, et enfin un nouveau complexe qui contraste avec le charme romantique des institutions précédentes, le Palais des Arts, situé au sud de Pest au terminus du tramway 22. L’Académie de musique propose des concerts dans une salle à l’excellente acoustique. Des travaux sont prévus prochainement, qui nécessiteront la fermeture de la salle pendant plusieurs années. L’objectif de la rénovation est notamment d’exploiter le style Art nouveau du bâtiment. Au premier étage l’ancien appartement du virtuose a été transformé en musée contenant des objets ayant appartenu au compositeur. Pour écouter un opéra, l’Opéra national, de style baroque, avec en moyenne 300 représentations par an, propose un large éventail de possibilités. Nombreux sont les spectateurs qui y viennent de toute l’Europe. Une soirée dans ces lieux est un moment très privilégié. Porter une robe longue pour descendre l’escalier d’honneur du bâtiment est un petit plaisir supplémentaire à ne pas négliger tant la magie du cadre opère et nous plonge directement dans le romantisme du 19e siècle, année de sa construction.

Dans un tout autre contexte récent et ultramoderne, le Palais des Arts concurrence les précédentes avec sa salle accueillant 1700 personnes et possédant une acoustique exceptionnelle. Celle-ci est réputée comme l’une des meilleures du continent, sa qualité étant garantie par la société américaine Artec, gage d’excellence dans ce domaine. Ouverte depuis mars 2005, cette salle appelée Béla Bartók, a d’emblée acquis le prestige à sa mesure. La salle Pleyel à Paris, récemment rénovée, s’est d’ailleurs inspirée du Palais des Arts et a embauché la société Artec pour ses travaux.

Les superlatifs me manquent donc pour qualifier la pratique de la musique classique en Hongrie. C’est un domaine de prédilection de cette nation, et Budapest proposant en moyenne une à trois représentations de musique classique par jour, il y a de quoi satisfaire vos envies de musique classique dans le meilleur des contextes. Mais pour terminer ce tableau, je me dois de vous mentionner quelques compositeurs hongrois. Pour ceux qui n’ont pas de repères sur le sujet, voici déjà trois compositeurs à retenir. Le premier est bien sûr, vous l’aurez compris, Ferenc Liszt (1811-1886). Né et mort en Hongrie, ce citoyen du monde qui a subjugué toute l’Europe des années 1830 à 1840, était fier de ses origines. Il a œuvré pour le développement de la vie musicale hongroise. Zoltán Kodály (1882-1967) est l’auteur principalement d’œuvres vocales et a travaillé à recueillir les chansons folkloriques de son pays en arpentant les campagnes et villages. Il a beaucoup insisté dans sa carrière sur l’importance de la musique dans l’éducation et est connu pour ses méthodes d’enseignement. Son travail associé à celui de Béla Bartók, sur la collecte et l’étude du patrimoine folklorique hongrois, a permis de constituer un répertoire de plus de 60 000 chansons et d’affirmer l’identité nationale hongroise. Béla Bartók (1881-1945) est considéré comme l’une des grandes figures de l’histoire de la musique. Il est notamment l’auteur de l’opéra Le château de Barbe bleue.

Son œuvre, création moderne, aurait inspiré John Williams lorsqu’il a composé la musique du film la Guerre des Etoiles, qui appartient à présent au répertoire classique.

Chaque année est consacrée à un compositeur, 2009 est l’année de l’autrichien Josef Haydn, 2010 sera celle de Ferenc Liszt. Si vous avez envie de classique, c’est clair comme une note de musique, Budapest est là pour vous réjouir.

Julie Marchais

 

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