La musique des Huns pour les autres

La musique des Huns pour les autres

Pour quels produits la Hongrie est-elle célèbre hors de ses frontières? Sans dictionnaire des stéréotypes, il est difficile de répondre à cette question. Pourtant, à Budapest, au sein du Bureau Export de la Musique Hongroise (MXH), une dizaine de personnes se battent au quotidien pour promouvoir les mélodies magyares.

 

 

L’objectif du Bureau Export de la Musique Hongroise (MXH), une organisation publique fondée en 2005, est de faire connaître à l’étranger le dynamisme de la scène musicale locale. Les styles musicaux concernés représentent tout le spectre de ce que l’on appelle aujourd’hui « les musiques actuelles », c’est-à-dire, le rock, le jazz, la musique improvisée, le folk, le reggae, la musique du monde, la pop, la chanson, le métal et la musique électronique.

Fruszina Szép, la directrice du MXH, nous explique dans un français parfait que leur «motivation est de créer un pont entre les marchés de l’Europe de l’Ouest et ceux de l’Europe de l’Est». Pour cela, le Bureau export se veut la vitrine de ce qui se fait en Hongrie lors de sa participation à de nombreuses rencontres musicales ou festivals en Europe comme le printemps de Bourges ou la rencontre Europavox de Clermont-Ferrand, pour ne citer que la France. De même, au pays des Magyars, trois rendez-vous majeurs jalonnent l’année du MXH.

Tout d’abord au mois d’août, le festival Sziget, le plus grand festival de musique en Europe avec plus de 400 concerts en une semaine, est l’occasion de mettre en place une série de conférences, rencontres, débats entre les professionnels de la musique du monde entier et les acteurs locaux au sein d’une loge spécialement équipée, havre de paix et de silence au milieu du chaos de l’île.

Plus tard dans l’année, une grande foire musicale «La quête du son» (Hangfoglalás) co-organisée par l’association des distributeurs hongrois d’instruments de musiques (HANOSZ) se déroule en octobre. Cette foire est orientée sur les aspects techniques de la musique et de la scène, concernant les instruments, les lumières et autres artifices. En marge de cet événement, le MXH organise une série de concerts mêlant artistes locaux et musiciens des pays voisins, dans une optique de collaboration régionale. L’édition de 2008 fut marquée par la présence de 29 groupes de huit pays différents. La prestation des Hongrois de Folkfree fut très remarquée de même que celle des Ukrainiens de Haydamaky.

Dernier rendez-vous de l’année, la conférence « RegiON », qui comme son nom l’indique est concentrée sur le développement des réseaux et des collaborations au sein de la région « Europe centrale et orientale ». Cette conférence rassemble une centaine de professionnels d’une trentaine de pays et se veut interactive. Elle est un lieu d’échanges et de mise en commun de projets pour extraire au mieux les forces vives musicales de la zone hors de ses frontières. Comme lors de la foire aux instruments, des concerts de différents groupes de la région ont lieu. En 2008, les Croates d’Overflow avaient coupé le souffle du public, tout comme les très provocants Cool Kids of Death de Pologne qui suivaient sur scène les jeunes Hongrois de Gonzo.

Tout au long de l’année le MXH se veut un centre de ressources concernant tout ce qui se passe sur la scène musicale hongroise. Leurs bases de données rassemblent toutes les informations sur les groupes, les clubs, les labels, les distributeurs, festivals, associations ou entreprises privées. Une mine d’informations unique.

En parallèle, la promotion de la musique hongroise se retrouve sur un support physique. Le MXH réalise et distribue une compilation de 7 disques rassemblant une centaine de groupes dans un coffret élégant. La seule fausse note est peut-être le trop grand nombre de stéréotypes mis à jour par le design de la compilation intitulée tout d’abord, « Hungry for Hungary » et la prolifération de costumes folkloriques, de moustaches et de touches sexistes qui font passer les locaux pour une bande de cavaliers rustres et arriérés. A revoir sûrement.

Cette compilation, véritable bible de la musique, est renouvelée chaque année et diffusée auprès des partenaires étrangers.

Côté artistes, les réactions sont assez différentes. Beaucoup soutiennent en effet la politique de promotion du bureau export puisqu’elle permet aux groupes hongrois d’élargir leurs possibilités de concert partout en Europe. Dániel Sándor du jeune et talentueux groupe Jurij y voit « une bonne organisation pour sortir la Hongrie de son ghetto musical ».

D’autres artistes ont plus de doutes. Le musicien Yonderboi, auteur de deux albums à succès, déclarait par exemple en 2006 que « l’art doit naître, vivre et mourir par lui-même, s’il est supporté par un institut extérieur, il perd tout son sens. ». Le débat est donc lancé.

Le MXH est dans tous les cas un bel outil de promotion de la culture hongroise. Celle-ci dispose d’un panel de groupes très novateurs qui méritent à coup sûr une plus grande reconnaissance en Europe.

 David Sauvignon

 

 Pour plus d’informations sur le MXH et ses projets : www.mxh.hu

 

Catégorie