Au cœur des Budapest Exiles
Dans un pays qui n’a d’yeux que pour le water-polo, le handball ou le football, le rugby, pourtant majeur en France, peine à trouver sa place. A Budapest, un groupe de personnes s’affaire à encourager la prolifération de ce sport sur les pelouses hongroises. Le Budapest Exiles RFC a été créé en 1991 pour permettre aux expatriés de s'adonner à leur passion loin de leurs terres d’origine. François Taillandier, Clermontois de souche, en est l’actuel président.
« Je suis personnellement arrivé en Hongrie, il y a 9 ans de cela, un Dimanche soir exactement après un voyage étalé sur 2 jours depuis Clermont-Ferrand avec ma Twingo chargée jusqu’au plafond de toutes mes affaires. Le lendemain soir j’étais à mon premier entrainement, et j’y ai directement rencontré ceux qui allaient devenir mes amis. Ce soir-là j’ai bu des bières avec celui qui sera témoin à mon mariage 6 ans plus tard. » L’histoire personnelle de François n’est que le reflet de l’histoire des Exiles. Cette grande famille, soudée, a été un vecteur d’insertion pour bon nombre d’étrangers à Budapest. Au-delà de cette dimension sociale, l’équipe vise aussi à promouvoir les valeurs d’une activité qui n’en manque pas. Le rugby, par l’abnégation, le courage, le respect et le dépassement de soi qu’il implique, peut permettre à beaucoup de se développer en tant que personne.
Malgré l’émergence des Budapest Exiles, le rugby reste un sport mineur ici, et beaucoup de Hongrois le confondent avec le Football Américain, bien plus installé dans paysage sportif. On dénombre 5 équipes féminines séniors et 12 masculines. Quelques équipes jeunes existent mais aucun championnat stable n’est réellement établi. Si les Budapestois ont désormais un palmarès considérable, auréolés de plusieurs titres de champions de Hongrie, c’est à Esztergom qu’évolue l’équipe la plus récompensée de l’histoire de l’ovalie hongroise.
Aujourd’hui, conformément à l’histoire cosmopolite des Exiles, environ 50% des joueurs sont Hongrois. L’autre moitié est composée d’expatriés de plus ou moins longue durée (2 ans ou plus). L’effectif, tel qu’il est, demeure limité pour être compétitif. C’est pourquoi, à chaque semestre, des étudiants en Erasmus viennent repeupler cette troupe d’exilés, pour le plus grand bonheur de François « Nous les accueillons toujours à bras ouverts. C’est une superbe opportunité pour eux de sortir de la bulle de la vie Erasmus, de connaitre d’autres gens, d’autres endroits. »
Une activité en perpétuelle survie
Ainsi, les Exiles existent avant tout pour apporter du bonheur à ceux qui croisent leur route. Cependant, compte tenu de la faible notoriété du rugby, ils doivent faire face à de nombreuses difficultés. Celles-ci sont majoritairement financières et pratiques. Sans terrain fixe, la priorité étant donnée au football, les joueurs s’entrainent sur le terrain de football du club de Pénzügyőr. Les matchs sont eux disputés à Tárnok, à 40 minutes de Budapest.
« La Fédération a un projet de terrain à Budapest, que nous pourrons utiliser, mais cela ne sera que pour les matchs dans un premier temps, et ce ne sera pas gratuit. » C’est là qu’intervient le problème financier. Les terrains sont chers à Budapest, et adhérer à la fédération l’est de plus en plus. L’équipe survit grâce à la cotisation des joueurs et quelques modestes sponsorings. L’avenir prometteur du Budapest Exiles RFC est parfois obscurci par les exigences économiques d’un tel milieu, mais il subsiste tout de même. Depuis quelques années, des sections jeunes, de – de 16 ans et – de 18 ans ont été créées, et leur nombre d’adhérents grandit de plus en plus. Le plus difficile c’est de fidéliser ces adolescents afin qu’ils rejoignent, une fois majeurs, l’effectif sénior. Fort de leur culture d’échanges internationaux, de partage et de vivre ensemble, les Budapest Exiles ne s’isolent pas pour autant : « Nous avons aussi de très bonnes relations avec les personnes gérant l’équipe jeune de l’école Française (U14, U12 et U10), du lycée bilingue de Aszód (U18) et avec le responsable de l’équipe jeune de Nagykovácsi (Ecole Américaine, - de 10 ans, - de 8 ans). Le but à terme est de coopérer avec eux et de créer des passerelles afin de permettre aux jeunes de continuer la pratique du Rugby à l’âge adulte. »
Hugo Cellarier
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