Le pique-nique paneuropéen

Le pique-nique paneuropéen

Spécial anniversaire: 1989, 20 ans après

 En 1990, Helmut Kohl, chancelier fédéral de l’Allemagne, a déclaré lors de la fête de la réunification des deux Allemagne : «La chute du mur de Berlin a commencé en Hongrie, le premier pas vers la réunion allemande était le pique-nique paneuropéen».

 Tout a commencé avec la construction de «rideau de fer» qui consistait en réalité en un champ de mines et d'une clôture grillagée entre la Hongrie et l’Autriche. En 1965, le gouvernement a décidé d'apporter des modifications à ce système et d’établir un dispositif de signalisation afin d'empêcher le franchissement de la frontière.

Le pique-nique paneuropéen a eu lieu près de Sopron le 19 août 1989. Il s’agissait d’une ouverture symbolique de la frontière pour une durée trois heures. Les organisateurs ne pensaient pas que 600 Allemands de l'Est en profiteraient pour passer à l’Ouest. Pourtant, le garde frontière n’a pas réagi et les a laissés faire.

On doit l’idée de ce pique-nique à Ferenc Mészáros, qui a initié cet événement pour protester contre la situation politique. Il voulait, au départ, organiser une rencontre austro-hongroise au bord de la frontière. Seule Mária Filep a réagi de façon enthousiaste à cette proposition. C’est elle qui a commencé à organi-ser le pique-nique. Otto Habsburg et Imre Pozsgay, le ministre d’État de l’époque, sont devenus les “parrains” de l’événement.

L’idée d'ouvrir la frontière n'est apparue que plus tard: László Magas a suggéré que les Autrichiens passent la frontière pour pouvoir vraiment participer. La décision a été prise de se réunir au poste de frontière situé à côté de Margitbánya, lequel était inutilisé depuis la révolution de 1848-1849. Les gouvernements hongrois et autrichien ont autorisé l’ouverture de la frontière pour trois heures et pour tous les inscrits sur la liste des participants.

Le jour du pique-nique, pendant les discours officiels, un groupe de citoyens de la RDA s’est approché des champs de maïs, déterminés à passer la frontière pour bien plus que les trois heures autorisées. Or aucun des organisateurs n’a condamné la passivité des gardes frontières à l’égard de ces mouvements de réfugiés. A propos de cette journée, le journal allemand Die Welt s'est interrogé: soit les organisateurs seront tout bonnement emprisonnés, soit cet événement est annonciateur de grands changements en Hongrie. L’histoire prouve que la deuxième hypothèse était la bonne.

Vingt ans plus tard, on pourrait avoir tendance à considérer ce pique-nique comme un moment politique idyllique, mais il n'en était rien car ce n'est que d'un seul côté du rideau de fer que les hommes politiques parlaient effectivement de politique européenne. Il n’en demeure pas moins que les organisateurs de ce mouvement ont écrit une belle page de l’histoire des changements de 1989, dans le mouvement qui mènerait quelques semaines plus tard à la chute du mur de Berlin.

Eszter Kocsis

 

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