1989, 20 ans après: Le Travail 1989-2009
Le 1er mai est un bon jour pour se poser des questions. Des questions sur le Travail. Depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours le travail a toujours été une valeur sûre. Pendant les années communistes, cette fête du 1er mai, dont l’origine remonte à la Révolution française, commémorait aussi les évènements malheureux qui assombrirent l’année 1886 à Chicago.
Récupérée par l’Internationale communiste, la fête allait donner l’occasion aux régimes en place dans les pays de l’Est de rendre hommage aux populations qu’ils spoliaient au quotidien. A cette époque, le gouvernement endettait les générations futures pour assurer la paix civile. Tout le monde était salarié et le mot efficacité était inconnu de tous. Faire son travail consistait à faire de la présence. J’en connais qui croient encore vivre à cette époque!
Aujourd’hui, le 1er mai est surtout un jour férié et l’occasion de prendre une semaine de vacances sans trop entamer ses congés. Comme je l’affirmais plus haut, c’est un bon jour pour réfléchir.
Ceux qui défilent en France, poussés par la volonté de vivre mieux, feraient bien de se pencher sur le cas de la Hongrie. Quoi qu’en pensent certains, ceux qui ont, en France, la possibilité de travailler plus finiront effectivement par gagner plus. L’effort paie toujours qu’il s’agisse d’être payé plus ou de se voir promu. La Hongrie, de par son système fiscal schizophrénique, aboutit au résultat contraire. Celui qui, forcé à l’entreprenariat, ne peut travailler que par le truchement d’un Bt (forme de microsociété en commandite) doit payer lui-même ses charges sociales, l’impôt de 20% sur les sociétés et, s’il ne veut ou ne peut, entrer dans le système kafkaïen de la déduction tous terrains, repayer 50% sur les sommes qu’il retire du compte de sa soit disant société. Pour vous donner un exemple, en suivant scrupuleusement toutes les règles, un entrepreneur qui facture 200.000 HUF peut espérer en toucher 80.000. En gros, il ne s’en sort pas. De nombreux Hongrois ont un Bt. Conscients de l’aberration du système, ils utilisent des «petites portes» avec une sérénité qui force l’admiration. Pour celui qui voudrait concilier le paiement de ses factures avec le paiement de ses impôts, il ne reste que l’endettement. Il faut, de plus, payer une Sécurité Sociale qui ne vous permet pas de vous faire soigner. Le système est organisé ainsi car l’impôt est difficile à percevoir. L’impôt est difficile à percevoir parce que le système est organisé ainsi. On a beau retourner l’équation, on ne comprend pas. De nombreux petits entrepreneurs étrangers veulent quitter le pays, dégoûtés. Entre la crise, la corruption, la mauvaise gestion des services publics et les impôts, il faut vraiment aimer ce pays pour vouloir rester. Il faut aimer travailler aussi. Travailler plus, pour qu’un jour, peut-être, il nous soit possible de vivre mieux. Il suffirait portant de quelques réformes, d’introduire les chèques services, de réformer le droit du Travail et celui des Sociétés, de regarder la réalité en face pour que tout aille mieux. Il faudrait aussi que l’argent public et celui des subventions européennes remplissent des fonctions et non des poches. Il faudrait que les Institutions européennes et les gouvernements des anciens 15 voient les nouveaux entrants tels qu’ils sont et non tels qu’ils voudraient les voir. Bref, ce n’est pas pour demain, ni après-demain. En regardant les Français qui lèvent le poing, on hésite entre le rire et les larmes, mais, heureusement, on va pouvoir se remettre à travailler.
Xavier Glangeaud
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