Guerre des prix

Guerre des prix

Marché du livre en crise

Après des années d’expansion du marché du livre, la crise touche les libraires ainsi que les éditeurs, qui se révoltent en outre contre les conditions qui leurs sont imposées.

 

 Seule une centaine de nouveaux livres a été présentée lors du Salon International du Livre qui s'est déroulé au Parc Millénaire du 23 au 25 avril, alors que plus de 300 nouveaux titres venaient d'ordinaire enrichir le choix des lecteurs lors des précédentes édition de cette manifestation. En outre, les plus grandes chaînes de distribution, Libri, Alexandra et Fókusz, ne se sont pas contenté de proposer des réductions lors de cet événement, ils ont également accordé des rabais significatifs dans leurs magasins, indépendament du Salon. En effet, ils se préparent à une chute de 15 % des ventes, une baisse dont il ont déjà perçu déjà quelques signes en début d'année.

La crise est tombée très mal pour les grandes chaînes de librairies, surtout pour Alexandra et Libri qui se sont engagés dans une guerre de concurrence très importante ces dernière années, en louant des magasins de plus en plus spacieux. En automne 2008, Alexandra a ainsi ouvert le plus grand espace de vente du pays avec plus de 2000 m2 à Debrecen, ville de 200 000 habitants. Ils ont par ailleurs surtout ouvert des boutiques dans les centres commerciaux où les loyés, payés en devises, ont augmenté de 20 à 30% cette année à cause de la chute du forint, et ce alors que les conditions de crédit se sont également dégradé.

Conséquence de cette situation: Alexandra devrait déjà fermer trois magasins cette année, et les éditions dont il est propriétaire publieront 200 à 300 titres de moins que prévu. La chaîne Fókusz a en outre licencié une trentaine d’employés et diminué la surface des ses dépôts. Paralèllement à ces mesures «les trois grands» essaient surtout modifier les conditions de contrats avec les éditeurs. Certains éditeurs blament Alexandra de n’avoir toujours pas payé les factures datant de Noël, un retard que Dezsô Matyi, directeur d'Alexandra, minimise en précisant qu'un délais de paiement de deux mois a été fixé avec les éditeurs. Son concurent Libri souhaite également allonger ses délais de paiement et modifier sa marge de bénéfice en passant des 40-50% habituels à 60%, l'écart serait à la charge des éditeurs.

Gábor Csordás, le directeur des éditions Jelenkor, a exprimé son sentiment dans une lettre publique où il s'érige contre la stratégie des grands commerçants, surtout de Libri, qui répercutent toutes les charges sur les éditeurs en profitant de leur dépendance envers les grandes chaînes où ils réalisent la majorité de leur ventes. Selon le système actuel du marché du livre en Hongrie, les éditeurs mettent des ouvrages en dépôt auprès des grandes chaînes de librarires. Cela signifie donc que ces dernières ne payent les éditeurs qu'une fois les ventes réalisées. En outre, afin de remplir les étagères des magasins de plus en plus nombreux, les librairies commandent souvent significativement plus livres que ce qu’ils peuvent vendre et les éditeurs voient donc leurs frais augmenter du fait de ce gaspillage. En outre, les coûts d’imprimerie ont aussi augménté avec la chute des cours du forint et la hausse du prix de l'énegie.

Une trentaine d’éditeur indépendants – c'est-à-dire qui ne sont pas en propriété des trois grandes librairies – qui partagent cette opinion ont formé leur propre département à l’intérieur de l’Association des Éditeurs et Commerçants de livre Hongrois, MKKE, afin de mieux représenter leurs intérêts. Le 20 avril, les éditeurs indépendants ont publié une déclaration dans laquelles ils s’expriment contre l'augmentation des marges et les retards de paiement qui pourraient les conduire à la faillite. Leur situation reste très fragile dans ce combat face aux grandes chaînes de distribution, qui peuvent facilement remplacer les livres de ces rebelles de l'édition par d'autres ouvrages issus des 1400 autres maisons d’étitions hongroises.

J. Z.

 

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