Expo: Chef d'oeuvres restaurés

Expo: Chef d'oeuvres restaurés

La noble famille Esterházy détenait l’une des collections barroques les plus précieuses en Europe au début du XXe siècle, époque à laquelle le prince Miklós Esterházy l’a confiée au Musée des Arts Décoratifs afin de la protéger. Cependant, une grande partie de ces objets, d’une valeur inestimable, datant majoritairement des XVIe et XVIIe siècle, a été considérablement détériorée lors des bombardements de la IIe Guerre Mondiale. Ainsi un plat en argent doré figurant les scènes de la bataille de Vezekény et que l’on aurait pu sauver a été détruit à 90%.

 La reconstitution de tels trésors à partir de leurs fragments constitue la tâche la plus importante pour plusieurs générations de restaurateurs hongrois, des années 1960 à nos jours. L’exposition du Musée des Arts Décoratifs intitulée Restaurált mûkincsek (Chefs d’oeuvres restaurés) présente notamment les secrets de la sauvegarde de ces oeuvres.

 

La responsabilité de sauver des objets importants, comme les trésors des Esterházy, a contribué au dévéloppement de la profession de restaurateur en Hongrie. Jusqu’au milieu du XXe siècle et les destructions causées par la IIe Guerre Mondiale, la conservation des objets et œuvres d’arts avait peu d’importance. De nombreuses pièces portent les signes d’un traitement dilettante, comme cette chasuble, datant du XVIe siècle, en brocattelle rouge et décorée d’une broderie dorée qui avait déjà été réparée à l’aide de fils lilas! Depuis, la restauration est devenue un métier complexe qui alie souvent les sciences naturelles ou a recourt aux technologies les plus modernes pour parvenir au résultat escompté. Ces techniques sont souvent trop compliquées pour les “laïques”, cependant dans l’exposition des écrans interactifs et un film aident à une meilleure compréhension du sujet. On peut en outre apprendre à connaître quelques maîtres hongrois de la profession. Sándorné Borsi a par exemple restauré une collection de textils de 64 pièces parmi lesquelles une robe certie de perles de corail que deux épouses successives du prince Pál Esterházy avaient portée.

 

La restauration de tels objets reste tout de même souvent un sujet très polémique car il est difficile de décider comment conserver l’originalité des oeuvres d’art. Une armoire fabriquée il y a 400 ans avait ainsi été modifiée au XIXe siècle. Son restaurateur a donc choisi de tenir compte de cette dernière étape pour la réhabiliter. On utilise souvent des couleurs ou des substances différentes afin de séparer les parties authentiques des zones restaurées. En revanche, dans le cas d’un paravent chinois, propriété du Musée d’Asie de l’Est Ferenc Hopp, il fallait importer certaine matières et instruments spéciaux du pays d’ori-gine, comme par exemple de la poudre en bois de cerf ou un pinceau en cheveux d’enfants. Hormi le prix de la reconstruction, nécéssitant parfois des pierres précieuses, il faut souvent plusieurs mois voire une année de travail minutieux pour qu’un objet puisse être présenté au grand public.

Judit Zeisler

 

Mûhelytitkok – Restaurált mûkincsek

(Secrets professionnels - Chefs d’oeuvres restaurées)

Jusqu’au 2 août 2009

Musée des Arts Décoratifs

33-37 Üllôi út, IXe arrt.

 

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