CONCERT: Zagar
Il est parfois difficile de s’orienter dans le fourmillement musical de Budapest. Des dizaines de concerts chaque jour, des centaines de groupes à découvrir, il est nécessaire de faire des choix. Cette multiplicité des projets n’est que bénéfique pour la musique et la qualité des artistes car, de cette masse, éclosent très généralement des perles. C’est le cas à Budapest, même si ces groupes magiques manquent quelque peu de reconnaissance au niveau européen et mondial.
Dans la famille des génies oubliés de la musique “actuelle”, Zagar tient une place toute particulière. Le magazine musical français Abus Dangereux ne se trompait pas en 2007 lorsqu’il titrait son article consacré au quatuor: «Zagar, rois pour les Huns, mystère pour les autres...». Si le groupe accumule les récompenses et enchaîne les concerts dans des lieux prestigieux en Hongrie, il reste un groupe parmi tant d’autres sur la scène européenne. Où est donc le problème ? Côté hongrois, le groupe a un CV impressionnant. Zagar se sont 3 musiciens du Yonderboi Quintet, autre groupe hongrois de référence, qui décident de jouer séparément en 2001 après la sortie de l’album Shallow and profound, devenu un classique depuis sa sortie en Allemagne sur le label Listening Pearls. Balázs Zságer au piano, Andor Kovács à la guitare et DJ Bootsie au scratch sont rejoints par Tibor Lázár à la batterie. Après quelques festivals prometteurs, un premier album sort en 2002, c’est le très puissant Local Broadcast. Le disque est encensé par la presse et élu, à la plus grande surprise des intéressés, l’un des meilleurs albums de l’histoire de la musique hongroise par le magazine Wan2. Le groupe sort la bande originale du film Szezon Eastern Sugar en 2005, joue beaucoup de concerts en Hongrie et quelques uns à l’étranger, en Russie et en Angleterre notamment. On retrouve les musiciens de Zagar dans plusieurs projets séparés comme l’album The silent partner par DJ Bootsie en solo en 2005, ou bien des compositions pour le Théâtre National. Le raz de marée médiatique suivra le deuxième album du groupe cannot walk fly instead en 2007. Cet opus sera récompensé comme le meilleur album de l’année par les professionnels hongrois (le prix Fonogram 2007). Le morceau phare de l’album The wings of love est chanté par les Underground Divas, sorte de rassemblement des rêves des meilleurs chanteuses hongroises actuelles comme Edina Kutzora de Yonderboi, Sena MC afro hip-hop, Judie Jay de Casio Samples, Bori Péterfy, Enikô Hódosi de Neo et Juci Németh de Anima Sound System. Depuis ce jour, Zagar est partout en Hongrie : dans la presse, à la radio, à la télévision. Il jouait même la semaine dernière en première partie de Depeche Mode au stade Ferenc Puskas de Budapest à l’initiative des stars anglaises. Ce concert pourrait leur donner des ailes pour s’envoler au quatre coins du continent.
David Sauvignon
Zagar - cannot walk fly instead- CLS records Hungary 2007
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