Expo: Tamás Konok
Une nouvelle exposition de Tamás Konok, avec de très belles toiles de grand format, a été inaugurée dans la chapelle du Musée Kiscelli. Le décor a changé: après les espaces clairs des grands musées d’art moderne où il a exposé à travers le monde, c’est dans une ambiance totalement différente qu'il présente aujourd'hui ses œuvres à Budapest. Une véritable mise en scène très réussie met en valeur les dyptiques et triptyques de l’artiste dans ce lieu historique. Péter Fitz, le directeur du musée, sait utiliser les espaces de cette magnifique chapelle, autrefois interdite par l’empereur et aujourd’hui reconvertie en salle de l’exposition. Lors du vernissage, les effets de lumière et une projection de Gábor Szerencsés au son de l’ensemble de percussions Amadinda nous ont fait découvrir les dernières toiles de Konok, conçues spécialement pour cet événement. L’ambassadeur de France, René Roudaut, a évoqué le parcours de cet artiste né hongrois et devenu citoyen français, dont d’importantes œuvres se trouvent dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France et au Fond National d’Art Contemporain à Paris. C’est justement à Paris que Konok a découvert l’art moderne et s’est lancé dans l'aventure de l’abstraction géométrique. Sa première exposition en France a eu lieu en 1960 à la galerie Lambert. Peu après c’est au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris que ses toiles sont présentées et on les retrouve souvent en Suisse, notamment au prestigieux Musée des Beaux Arts à la Chaux de Fonds ou à Zurich où il expose avec Picabia et François Morellet.
A Paris il a retrouvé toute la colonie des Parisiens Hongrois. Il sympathise avec les Fejtô et le couple Hervé, rencontre dont témoignent des portraits que le célèbre photographe Lucien Hervé et Konok ont réciproquement fait l'un de l'autre.
Dans cette exposition, on suit les lignes de l’artiste: vaste réseau qui montre le chemin que Tamás Konok a parcouru vers une direction plus transcendantale, dans l’esprit de la philosophie bergsonienne et celle de Jean Guitton. L’artiste considère que ces penseurs l’ont influencé dans son art, d’où le titre: Structure de la pensée. La série des Milles âmes trouvé sa forme définitive dans son atelier au cours des trois dernières années. Un tryptique rend hommage aux disparus, aux victimes des camps de concentration: un réseau de traits blancs ou colorés symbolisent tous ces âmes innocentes. Le centre de cet autre triptyque est quant à lui monochrome, entouré de part et d'autre par des couleurs froides à gauche ou plus chaleureuses à droite. Tamás Konok ne souhaite pas trop verbaliser le deuil. C'est le symbolisme que l'artiste utilise, sans grand discours ni recherche d’effet excessif, pour défendre son idée de l’humanité et exprimer sa prise de position. Dans un catalogue dédiée à Konok, on a cité Alberto Giacometti à juste titre : «Notre activité n’est qu’une question continuelle à l’univers qui est aussi nous-mêmes».
Musée Kiscelli,
IIIe Budapest, Kiscelli u. 108,
tlj sauf le lundi de 10:00 à 18:00
Éva Vámos
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