Elections programmées

Elections programmées

A quelques jours du premier tour des élections legislatives, les partis révèlent enfin leur programme pour les quatreans à venir. Petit tour d'horizon des engagements des uns et des autres.

Kata Bors«Le citoyen conscient, qui prend soin de sa personne et de son avenir, doit étudier de façon exhaustive la crédibilité des promesses politiques et de ceux qui les ont promises», rappelait László Sólyom, Président de la République, lors de son discours de nouvelle année, soulignant l’importance des élections législatives et la responsabilité de tous les Hongrois dans la décision qu’il leur incombe de prendre. Le 23 mars était la date limite pour les partis ayant réussi à remplir les conditions dictées par le système électoral hongrois, de présenter leur liste nationale. Le résultat: 6 listes nationales, soit 6 partis, ont obtenu le droit de se présenter lors des prochaines élections afin de remporter des sièges au Parlement, soit 155+58 députés. Les 6 partis en question sont le Fidesz, le MSZP, le MDF, le Jobbik, le LMP et le Civil Mozgalom, même si seulement les 4 premiers ont de réelles chances de dépasser la limite des 5% en dessous de laquelle les partis ne peuvent prétendre à aucun siège. Ces 4 formations sont donc au centre des débats politiques. Mais que proposent-ils? Si l’on connait les idées générales et l’idéologie de ces partis, quels sont les détails de leur programme? Quelles sont également leurs visions sur l’évolution du pays, leurs réponses concrètes à la crise, leurs ambitions de réforme, et qu’en sera-t-il de leurs promesses d’agir différemment après le 11 avril?

Le meilleur moyen de convaincre les électeurs de voter pour un parti, est d’aborder les sujets qui le concernent de près. C’est pourquoi les programmes politiques se concentrent-ils sur 3 principaux thèmes: premièrement les politiques sociales (le marché du travail, les allocations familiales, le système de santé et l’intégration des minorités), deuxièmement la stabilité économique (la gestion de la crise et la lutte contre la corruption) et troisièmement la protection de l'environnement (notamment avec des programmes d’énergies renouvelables).

La politique sociale

Le point commun des différents programmes est qu’ils renvoient tous l’image d’un pays basé sur la valeur du travail, la sécurité sociale et un environnement prévisible. Cette vision se base toutefois sur des idéologies différentes. Le Fidesz table sur une politique sociale basée sur le travail, à l’aide de la réforme des allocations sociales, intégrant les handicapés, physiques et sociaux, au marché de l’emploi. Ils envisagent, grâce à des fonds européens, de financer le travail d’intérêt général et l’innovation. A long terme, ils reconnaissent l’impossibilité de maintenir le SMIC hors taxes et ils prévoient de légaliser le travail au noir pour augmenter le monant des contributions salariales. La politique du Fidesz se base en outre sur les familles, l’augmentation de leur niveau de vie et l’allègement de leurs charges.

En revanche, le MDF souligne l’importance des réformes de l’éducation, porte d’entrée vers le marché du travail. Ils mettent l’accent sur la revalorisation des professeurs, l’augmentation de la concurrence entre les universités et l’introduction de frais de scolarité dans l’enseignement supérieur. La taxation du SMIC est un point commun des programmes du Fidesz et du MDF, ces derniers en précisent même le taux à 10%. L’implication des familles, à l’exception de quelques généralités, est négligeable.

Le Jobbik met quant à lui l’accent sur les contributions sociales, au nom de l’égalité, et sur l’importance de la motivation du travail proportionnellement à l’effort que l’on y investit. Ils prévoient de faciliter la situation des familles et de motiver la natalité à l’aide de programmes de construction de nouveaux lieux d’habitation et de crédits subventionnés. Le MSZP se concentre pour sa part sur la mobilité des employés et vise à élaborer des programmes de réduction et de simplification des charges de 4%. Contrairement aux autres partis, le MSZP souhaite s’engager financièrement pour inciter les gens à apprendre au moins une langue étrangère.

La santé

Deux idéologies s’affrontent sur la question du financement de l’assurance maladie. Il y a d’une part le programme du MDF, dont la proposition se base sur l’économie de marché et l’introduction de capitaux privés pour améliorer l’efficacité et la transparence du financement de ce secteur. L’autre approche propose de conserver le système actuel, basé sur la solidarité collective, mais en réformant les sources de financement. Le MSZP envisage de résoudre les problèmes actuels du secteur de la santé par des incitations à la recherche et au développement, un programme de rattrapage des salaires et la modernisation des «chirurgies d’un jour», afin d’alléger les charges hospitalières. On trouve des points similaires dans le programme du Fidesz qui, de plus, prévoit de baisser les contributions de 10%, d’annuler la dettes des hôpitaux et d’inciter les gens à mener un mode de vie plus sain. Le Jobbik se concentre quant à lui sur l’augmentation des salaires afin de lutter contre l’émigration des médecins et la corruption.

Les minorités

L’objectif des partis est clair et similaire: l’intégration des minorités grâce à l’éducation et des programmes sociaux incitant les citoyens issus des minorités à s’intégrer au monde du travail.

La dynamisation de l’économie

Tous les partis souligne l’importance du renforcement des PME. A l’aide de crédits et de programmes ciblés, il s’agit de redonner un certain l’élan aux entreprises. Le Jobbik vise pour cela à renforcer le rôle de l’Etat, capable d’intervenir dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et les technologies. Le MDF et le Fidesz prévoient quant à eux la simplification du système de taxation et la réduction de la TVA. En revanche le MSZP formule plutôt des objectifs très généraux, comme la stabilisation de l’économie et l’augmentation des salaires.

Le secteur de l’énergie

A l’exception du MDF, tous les partis abordent la question de la protection de la nature et souhaitent inciter les citoyens et les sociétés à se tourner vers les énergies renouvelables. Le Fidesz prévoit d’introduire un “Programme national de l’efficacité énergétique” afin de soutenir l’usage d’énergies renouvelables et la mise en place d’appels d’offre «verts». Le MSZP se concentre quant à lui sur des actions à mener à l’échelle internationale et propose de relier le réseau énergétique des pays de la région. Ils prévoient en outre d’introduire l’usage des énergies renouvelables dans les institutions nationales mais aussi d’inciter leur usage auprès des citoyens. Le Jobbik va plus loin et souhaite augmenter l’efficacité énergétique des usines nationales et d’arrêter la privatisation des eaux du pays, qui représentent à ses yeux un héritage nationale.

Des idées générales

Si les programmes politiques des partis essayent tous de dresser une image claire de l’avenir, la manière de les mettre en œuvre reste peu explicite. On n’y décèle en effet que des promesses et propositions dont le poids sur le budget est considérable, mais dont les sources ne sont pas justifiées. Quel que soit le résultat des élections, il faudra encore du temps pour évaluer la faisabilité de ces effets d’annonces.

Kata Bors

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