Budapest : rencontre avec un contemporain de Bach tombé dans l’oubli, G.H. Stölzel

Budapest : rencontre avec un contemporain de Bach tombé dans l’oubli, G.H. Stölzel

Stölzel

Concert d’église

Réputé pour son souci de révéler au public des compositeurs peu connus, voire méconnus, principalement dans le répertoire baroque, le chef hongrois György Vashegyi a choisi de nous présenter ce soir un compositeur allemand, Gottfried Heinrich Stölzel. Contemporain de Bach, Stölzel (1690-1749) eut à l’époque son heure de gloire. Apprécié par Bach lui-même (qui fit jouer ses cantates à Leipzig), Stölzel avait entre autres, au cours d’un voyage effectué en Italie, rencontré dans sa jeunesse Vivaldi dont il subit l’influence. Occupant divers postes à Gera, Prague, puis Bayreuth, Stölzel passa ses trente dernières années comme maître de Chapelle à la cour de Saxe-Gotha. Jouissant d’une solide réputation (1), Stölzel nous a laissé, outre des opéras, œuvres de musique de chambre et suites pour orchestre, une abondante musique religieuse, dont quatorze oratorios et un grand nombre de cantates. C’est ce répertoire que Vashegyi a choisi de nous présenter ce soir, sous le titre „Et resurrexit” (2). Le site : l’église paroissiale Notre-Dame des Neiges de Krisztinaváros (Krisztinavárosi Havas Nagyboldogasszony) située à Buda au pied du Château. Les interprètes : l’orchestre Orfeo et le Chœur Purcell fondés voici plus de trente ans par le chef hongrois. Les solistes : les sopranes Panna Dobos et Katalin Szutrély, le contre-ténor Péter Bárány, le ténor Márton Komáromi et les basses Zoltán Melkovics et Lóránt Najbauer. 

Stölzel

Première impression : Bach n’est pas loin, les styles étant très proches. Moyennant des œuvres plus courtes et une structure plus légère chez Stölzel, ce qui confère au tout une grande limpidité. Des œuvres parfaitement équilibrées, récitatifs, airs (ou duos) et chœurs alternant dans un dosage savant, chaque cantate se concluant sur un bref choral. Le tout mélodieux, néanmoins empreint d’une profonde religiosité et sans emphase. L’ensemble servi par une belle interprétation, tant de la part des solistes, que du chœur et de l’orchestre sur instruments anciens, nous offrant de belles sonorités, notamment avec ce délicieux hautbois d’amour venu apporter une charmante touche colorée. Détail sympathique : sa prestation terminée, chaque soliste, au lieu de garder le devant de la scène, rejoignait le chœur pour s’y fondre. Autre détail : une parfaite articulation, tant chez les solistes que chez les choristes, ce qui nous permettait de bien suivre le texte. Bref, une interprétation placée sous le signe de la simplicité et d’une profonde religiosité, invitant à la méditation, en même temps non dépourvue de charme.

Que dire de plus ? Sinon que de rendre une fois de plus hommage au chef hongrois pour nous avoir fait découvrir ce soir un compositeur qui en valait largement la peine, En attendant la suite...  

Pierre Waline

(1): le critique de l’époque Lorenz Christoph Mizler l'ayant même placé à l'égal de Bach. Ce dernier, qui avait d'ailleurs inclus une suite de Stölzel dans le petit livre de pièces pour le clavecin destiné à son premier fils, Wilhelm Friedemann.

Sa célèbre aria Bist du bei mir (extraite d’un opéra) fut longtemps attribuée à Bach, figurant dans le Petit livre pour clavier (Clavier-Büchlein) d'Anna Magdalena Bach de 1725.

(2) „Das ist die Freudigkeit, die wir haben zu ihm”, ”Gehet hin, und lehret alle Völker” „O Land, höre des Herren Wort”, „Niemand kann zweien Herren dienen”, „Herr, wie lange willst du mein so gar vergessen”, „Herr, gehe nicht ins Gericht”, „Einen andern Grund kann niemand legen.” Cantates précédées chacune d’un bref commentaire par le chef.

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