Szia Budapest à la galerie CEU : Budapest vue par Daniel Psenny

Szia Budapest à la galerie CEU : Budapest vue par Daniel Psenny

Psenny

Du 7 au 27 mars 2024, la CEU Open Gallery accueillait l’exposition Szia Budapest présentée par Daniel Psenny, photographe, ex-journaliste au Monde et à Libération. La sélection montre un visage nostalgique et personnel de la capitale hongroise.

Le lieu est la première chose qui marque en arrivant devant l’exposition. Le bâtiment de la CEU est, à raison, impressionnant. En effet, l’université fondée par Georges Soros en 1991 a été l’un des moteurs de l’avènement de la démocratie libérale en Hongrie et même au-delà. L’école a reçu en 2004 une accréditation reconnaissant la comme université privée. Cette accréditation a été menacée en 2017 par le gouvernement Orbán. L’université créé par l’une des bêtes noires de Viktor Orbán depuis son retour au pouvoir n’est pas en odeur de sainteté dans les rangs du Fidesz. Bien qu’au final l’accréditation n’ait pas été perdue, ce lieu est un endroit symbolique pour les défenseurs de l’État de droit en Hongrie.

Le choix d’afficher dans cette galerie n’est pas anodin. C’est un symbole fort et un honneur pour Daniel d’avoir été contacté par la CEU pour ses photographies. C’est aussi une manière pour lui d’affirmer son engagement et sa résistance. Engagement qu’on retrouve dans ses photos, notamment ses photos de manifestations, ou celle, toute en couleur, à l’occasion de la Gay Pride.

Si la Gay Pride se prête, pour des raisons évidentes, à la photographie en couleur, c’est loin d’être le cas de toutes les photos de l’exposition. Une majorité d’entre elles sont en noir et blanc. C’est d’une part un choix personnel, Daniel préférant ces teintes. D’autre part, cet effet de style lui permet de transmettre une certaine nostalgie des anciennes villes d’Europe centrale. De la même manière, beaucoup des clichés sont dénués de toute la modernité qui caractérise les villes actuelles. Pas de gratte-ciel, pas d’enseignes internationales, pas de boutiques clinquantes… beaucoup des photos de Daniel ont pour but d’être intemporelles. Pour autant, on y retrouve souvent un élément (smartphone, casque audio, voiture moderne…) qui tranche avec l’atmosphère.

Dans sa démarche de photographe, Daniel préfère un matériel simple. Son seul appareil est un IPhone, dont les photos sont, selon ses dires, « de très bonne qualité ». Par ailleurs, cela permet de faciliter le transport et de capturer plus facilement les moments de vie qu’il perçoit. L’exposition est donc constituée de photos prises « au naturel ». Pas de mise en scène, pas de recherche du sensationnel, la clé d’une photo réussie est d’attendre « l’instant décisif » comme le disait Henri Cartier-Bresson. Pour capturer le moment, il faut de la patience, et l’œil du photographe. Par ailleurs, les photos de l’exposition sont brutes. Elles ne sont pas retouchées avec des logiciels. Tout au plus, Daniel les recadre et ajuste les couleurs et la luminosité.

Daniel Psenny doit aussi son style de photographe à son rapport à la photographie. Il débute la photo en 1977, avec un appareil argentique. A cette époque, il est très difficile de gagner sa vie grâce à la photographie, encore en plein développement, ce qui contraint Daniel à basculer vers le journalisme écrit en 1982. Il travaille à Libération puis au Monde et poursuit la photo en parallèle, comme loisir. Après son départ du Monde, puis son installation à Budapest, il redécouvre la photo. Son vécu de journaliste transforme sa manière de voir le monde, et sa démarche qui le mène à réaliser cette exposition est purement journalistique et non touristique.

Et pour nos lecteurs à l’étranger qui voudraient passer voir l’exposition, n’ayez crainte, Szia Budapest voyage ! Après avoir été affichée dans sa ville de création, elle sera aussi présentée à Paris, et si possible dans bien d’autres capitales européennes.

Léonard Cottereau, Garan Lintanf

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