Quitter la périphérie

Quitter la périphérie

L’art contemporain hongrois sur le marché international

De plus en plus de galeries hongroises participenet aux foires internationales grâce à des bourses et autres subventions, cependant l’art contemporain hongrois reste isolé. 

Pour la première fois cette année, la Hongrie a été invitée à exposer lors de la Foire Internationale de l’Art Contemporain à Paris (FIAC) fin octobre. Selon le communiqué du Mûcsarnok, la directrice artisitique de la foire, Jennifer Flay, a proposé personellement à certaines galeries d’avant-garde de participer à cet événement. Parmi les œuvres que les galeries Inda, ACB, Viltin et Videospace ont exposé à la FIAC, fi-gurent les vidéos de János Sugár et Eszter Szabó, un livre virtuel, une installation de Gyula Várna et les épreuves d’Ádám Szabó. Jennifer Flay avait découvert ces artistes et galeries lors de sa visite en Hongrie au printemps dernier grâce à l'organisation d'un “Visitor Program”. Dans le cadre de ce projet, organisé par la directrice artistique Anna Bagyó et le Mûcsarnok et financé par le fond culturel du minsitère de la culture et de l’éducation, des responsables du marché de l'art international – des directeurs de foires d'art contemporain et de musées ainsi que des historiens d’art – ont notamment été invités à visiter les galeries et ateliers d'artises contemporains hongrois.

La scène artisque hongroise avait bien besoin d’une telle initiative, et ce depuis longtemps. Contrairement aux autres pays d’Europe de l’Est et Centrale – comme la Roumanie, qui peut citer le nom de Christo, ou la Bulgarie, celui de Dan Perjovski, tous deux reconnus internationalement – aucun artiste hongrois n'est devenu une référence sur le marché international.

Cette isolemment est illustré par une anecdote racontée cette été par le collectionneur László Gerô lors d'une conférence sur la valeur de l’art hongrois. Cet économiste, qui a eu l'occasion de rencontrer des amateurs d’art et des galeristes lors d'un dîner à Zurich, leur a demandé ce qu'ils conaissaient de la scène artistique contemporaine hongroise. Ces derniers ne sont parvenus qu’à citer le nom d’Anna Bagyó.

La place de l’art hongrois en périphérie du marché de l'art international est clairement démontrée par le classement publié par le site d’information et de statistiques sur le marché international des beaux art, www.artfacts.net. (Plus de 200.000 noms y sont listés, selon leur présence lors des foires et expositions internationales mais aussi dans les publications et catalogues; le prix des œuvres et le nombres des collectionneurs ne sont pas pris en compte). Aucun artiste hongrois vivant ne figure parmi les 1000 premiers noms mentionnés. Le seul Hongrois vivant figurant dans ce classement est l’architecte Yona Friedman, quit vit à Paris. Il est aussi intéressant que les noms les plus connus et les plus valorisés parmi les artistes contemporains hongrois dans leur patrie, comme Ákos Birkás ou László Fehér, ne sont placés que très bas dans ce classement. Le directeur du musée d'arts contemporains Ludwig, Barnabás Bencsik, citant cette liste lors de la conférence sus-mentionnée, a expliqué ce phénomène par le fait que Kis Varsó, László Lakner, Róza El Hassan, Szabolcs KissPál et Péter Forgács sont tous représentés par des galeries étrangères, exception faite d'une galerie hongroise. Ils étaient également tous sélectionnés pour représenter la Hongrie à des biennales les années précédentes: Attila Csörgô en 2008 à Sydney, Kis Varsó la même année à Manifesta en Italie et Antal Lakner en 2006 à Sao Paolo.

Ce cercle fermé d’une dizaine d'artistes semble immuable à l'heure actuelle. D’une part car seulement très peu de galeries hongroises, si ce n'est la Galerie Knoll, dont les propriétaires sont autrichiens et la galerie Várfok, l’une des première galerie créée après le changement de régime, peuvent se permettre de participer à des foires internationales. Or il s'agit là d'événements moteurs pour faire connaître un nom auprès des colectionneurs mais aussi du public étrangers, ces foires étant fréquentées par plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Cependant la participation à ce type d'événement représente un investissment d'au moins 3 millions de HUF, soit approximativement le bénéfice annuel officiel d’une galerie contemporaine hongroise.

Cette année, les galeries ont eu la possibilité de toucher des subventions gouvernementales afin de représenter le pays à l’extérieur, ainsi qu'une bourse de 3 millions de HUF distribuée par l’entreprise Antenna Hungária afin d'encourager la participation à de tels événements internationaux. Grâce à ces nouvelles sources de financement, plusieurs galeries et instutions ont pu se faire connaître à Vienne, à Moscou, à Cologne et à Paris. Bien que les noms derrière les oeuvres présentées ne soient pas connus à l’étranger, ils ont un atout non négligeables: leurs prix étant adapté au marché hongrois, ils sont ainsi beaucoup moins chers que les œuvres d'art étrangères.

Judit Zeisler

Hongrois figurant parmi les 2000 premiers artistes du classement d'Artfacts

nº165: László Moholy Nagy (artiste décédé aux États Unis)

nº 208: André Kertész (photographe décédé en France)

nº 429: Victor Vasarely (peintre décédé en France)

nº 892: Yona Friedman (architecte vivant en France)

nº 1022: Robert Capa (photographe décédé en Indochine)

nº 1241: KisVarsó (groupe de deux sculpteurs conceptuels vivant à Budapest)

nº 1251: Róza El Hassan (artiste conceptuel vivant à Budapest)

nº 1269: Rita Ackerman (peintre vivant aux États Unis)

nº 1273: Attila Csörgô (peintre vivant à Budapest)

nº 1554: Antal Lakner (peintre vivant à Budapest)

nº 1885: Szabolcs Kisspál (artiste multimedia vivant à Budapest)

nº 1902: Simon Hantaï (peintre décédé en France)

nº 1917: Péter Forgács (artiste multimedia vivant à Budapest)

(source: www.artfacts.net, consulté le 8 novembre 2009)

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