Expo: Images rarement vues

Expo: Images rarement vues

En ces beaux jours d’été tant attendus, n’hésitez pas à laisser vos pas vous porter dans l’ancienne maison du grand photographe Mai Manó reconvertie depuis plus de dix ans en Maison hongroise de la photographie. A deux pas de la rue Andrássy, au cœur du quartier des théâtres et face à l’Opérette, votre promenade vous y mènera presque malgré vous. Et vous ne le regretterez pas: vous serez non seulement séduit par la somptueuse demeure du photographe de la cour impériale, mais aussi par l’exposition qui vient d’y être inaugurée sous le titre Images rarement vues (Ritkán látott képek).

Le temps s’y est comme arrêté ou, plus exactement, a été fixé sur des clichés qui témoignent de 170 ans d’histoire de la photographie. Photographes célèbres ou moins reconnus, tous ont à leur manière exercé leur regard sur une époque, un paysage ou un personnage. Sorties de leurs archives, ces images “rares” car peu “fréquentées” peuvent encore étonnamment nous parler, que leur point de vue soit historique, politique ou tout simplement esthétique. Par exemple une série de clichés des années 1930, montrant des hommes et des femmes dans leurs activités quotidiennes ou dans leurs loisirs, nous permet de percevoir l’air du temps de cette époque. Une photo de 1965 de László Fejes intitulée Mariage témoigne sans doute quant à elle des troubles de l’année 1956: on y voit une mariée en compagnie de sa famille traverser une cour intérieure criblée d’impacts de balles. Une autre de László Haris, L’avant-garde illégale exprime un sentiment de malaise dans les années 1970 en Hongrie. La recherche esthétique est présente dans les photos en noir et blanc de György Kepes (1939) ou de Sándor Nagygyörgy (1950). La déambulation proposée d’image en image suit un ordre chronologique en Hongrie et dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, le Pérou, l’Inde, l’Amérique ou encore la France à travers un cliché pris dans un bus longeant les Tuileries.

Les techniques utilisées forcent également l’attention. Ainsi, l’un des plus anciens clichés, le portrait de Madame Zselinszky de Móricz Zsák, datant de 1860, impressionne-t-il par sa petite taille et le miroir sur lequel semble être accolée son image argentée. Il s’agit en réalité d’un daguerréotype original que nous n’avons plus guère l’occasion de voir. On trouve aussi le procédé photographique de l’ambrotype qui a concurrencé le daguerréotype sur un cliché de 1875. Les premières couleurs apparaissent dans les années 1880 et font office d’humour dans le cliché La famille de Timár Péter. Les amateurs et les néophytes apprécieront ce parcours inédit qui reflète l’étroite collaboration entre la Maison Mai Manó et le Musée hongrois de la photographie de Kecskemét.

Milena Le Comte Popovic

 

Maison hongroise de la photographie Mai Manó

VIe arrt. Nagymezô utca 20

Du lundi au vendredi de 14:00 à 19:00

Samedi, dimanche et jours fériés de 11:00 à 19:00

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