Débiteurs en mauvaise posture

Débiteurs en mauvaise posture

Alors que le gouvernement entend soutenir les débiteurs ayant souscrit des crédits en devises, les dé-clarations pessimistes de Lajos Kósa, vice-président du Fidesz, et de Péter Szijjártó, le porte-parole de Viktor Orbán, sur la situation financière du pays, ont provoqué une vive réaction des places financières et la chute du forint. Pas de quoi rassurer les ménages endettés.

Il y a deux semaines, le nouveau ministre de l’économie annonçait que le gouvernement aiderait les personnes ayant souscrit des crédits en devises étrangères à transposer ces crédits en HUF grâce à une fondation d’État. Suite à cette déclaration, Sándor Csányi, le PDG d’OTP, la plus grande banque hongroise, a déclaré sur la chaîne de télévision HírTV que cette intention du gouvernement était irréalisable. «L’annuité des personnes ayant souscrit des crédits en devises au-gmenterait alors de 20%!», a-t-il souligné. Il a ajouté que la responsabilité de la situation actuelle des débiteurs incombe au précédent gouvernement qui avait facilité l’accès à des crédits en devises. L’ancien Premier Ministre, Gordon Bajnai, a indiqué, dans une émission de la chaîne télévisée publique MTV, que la tâche du gouvernement devrait consister à stabiliser le cours du HUF entre 260 et 280 HU/EUR. Une opinion partagée par le président de la Banque centrale hongroise, András Simor.

Or György Matolcsy, le nouveau ministre de l’économie nationale, souhaiterait donner la possibilité aux familles qui le demanderaient de transférer leurs crédits en HUF. Le système qu’il souhaite mettre en place en assu-rerait donc la possibilité mais ne serait pas un processus automatique. Toutefois le comportement actuel du gouvernement ne semble pas être en faveur des souscripteurs de crédits.

Lajos Kósa, le vice-président du Fidesz, a en effet tenu des propos quelque peu alarmistes en affirmant que la Hongrie était proche d’une faillite d’État, à l’instar de la Grèce. Réagissant à ces propos, le porte-parole de Viktor Orbán, Péter Szijjártó, a enfoncé le clou en confirmant que la perspective d’une banqueroute nationale n’est pas une vue de l’esprit. Les conséquences de ces déclarations sur les places et marchés financiers ne se sont pas faites attendre: la bourse a enregistré une baisse significative les 3 et 4 juin derniers et le forint a également plongé à 286,5 HUF/EUR. Róbert Csajbók, de la banque ING, a souligné qu’une telle communication, qui porte préjudice au moral des investisseurs étrangers en Hongrie, risque en outre de faire chuter le forint au seuil symbolique des 300 HUF/EUR. Ainsi les personnes ayant souscrit des crédits en euro auraient-ils de quoi se sentir trahis…

Depuis, le forint a regagné une partie des pertes enregistrées face à l'euro et le gouvernement a essayé de calmer le jeu en insistant sur le maintien du déficit à 3,8% du PIB.

Tímea Ocskai

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