Enseignement français tourné vers les hongrois

Enseignement français tourné vers les hongrois

Lycée français de Budapest

Depuis la rentrée 2010, Régis Haudecoeur occupe le poste de proviseur du lycée français Gustave Eiffel. Il nous livre ses impressions quelques mois après son arrivée et décrit son établissement et l'enseignement qui y est dispensé.

 JFB: Quel a été votre parcours professionnel avant de venir en Hongrie ?

Régis Haudecoeur : J’ai eu une longue carrière d’enseignant avec plusieurs expériences d’expatriation. J’ai en effet débuté ma carrière au lycée français de Rabat au Maroc, puis j’ai passé 3 ans dans un collège de la Réunion, à nouveau 6 ans au lycée français de Caracas au Vénézuela, et 6 ans au lycée français de Curepipe à l’Ile-Maurice. Je suis ensuite revenu en France, dans le Vaucluse, d’abord comme enseignant, et, après avoir réussi le concours, chef d’établissement d’un collège à Carpentras, puis comme proviseur adjoint d’un grand lycée en centre ville d’Avignon. C’est pourquoi j’ai aujourd’hui une bonne connaissance de l’enseignement en collège et lycée.

JFB: Quels sont les éléments qui vous ont amené à choisir la Hongrie comme destination professionnelle?

RH: Tout d’abord, je n’avais jamais eu d’expériences professionnelles dans un pays de l’Union Européenne autre que la France. Dans mes fonctions à Avignon, j’ai mis en place des échanges ERASMUS avec des pays d’Europe centrale, ex bloc de l’Est (République Tchèque, Ukraine). J’étais attiré par cette région, au carrefour des civilisations ottomane et occidentale, et de ce pays qui a adhéré récemment à l’Union Européenne. J’ai eu également connaissance de la réputation de Budapest, une ville aérée, traversée par le Danube, ses thermes, sa vie culturelle intense, très appropriée pour les amateurs de musique.

JFB: Quels sont vos impressions sur le LFB et sur votre poste cinq mois après votre arrivée?

RH: C’est un lycée agréable, dynamique. Je ne ressens pas de tensions particulières entre élèves et le contact avec les parents se fait naturellement, autant d’éléments qui aujourd’hui permettent de créer une ambiance positive dans l’établissement.

Concernant mon poste, j’ai rencontré mon prédécesseur à plusieurs reprises avant la rentrée de septembre. Il m’a fourni les éléments et connaissances nécessaires pour faciliter la prise de relai.

Je trouve personnellement très enrichissant de devoir gérer des classes de la maternelle au lycée et donc d’avoir cette vision très complète de l’enseignement. Je m’appuie sur Mr Grebot pour la partie maternelle et élémentaire. Notre souhait est de rassembler tous les élèves au-delà des cycles scolaires.

Nous nous attelons en ce moment à appliquer les réformes de l’Education nationale pour les lycéens (mise en place d’un accompagnement personnalisé dans les 3 années de lycée, d’enseignements d’exploration en 2nde et d’une réorganisation des cours en 1ère et terminale : davantage d’enseignements communs aux trois séries - littéraire, économique et scientifique- et application de nouveaux programmes). Nous terminons cette année la réforme en collège avec la validation des compétences du socle commun, validation nécessaire pour l’obtention du brevet.

JFB: Quelle est la situation actuelle du LFB, les difficultés qu’il doit affronter ?

RH: Le départ de nombreux expatriés francophones a pour conséquence une baisse des effectifs de l’école. A la rentrée 2009, 646 élèves étaient inscrits au LFB, ils n’étaient plus que 610 à la rentrée 2010.

Nous essayons de réfléchir à une alternative pour l’école. Un groupe de réflexion composé de parents, d’enseignants et personnels administratifs réfléchit à une nouvelle stratégie pour mettre en valeur le LFB et son enseignement, en direction d’un public de hongrois, binationaux et d’étrangers. Nous devons accueillir ce nouveau public tout en préservant la spécificité de notre système d’enseignement français.

JFB: Quels sont les atouts du LFB, sa spécificité en matière d’enseignement ?

RH: C’est une école internationale, qui dispense un enseignement linguistique de qualité avec des groupes d’élèves réduits, l’organisation de voyages et d’échanges avec des écoles étrangères, d’outils pédagogiques diversifiés (artistiques).

Notre principe est de délivrer un système éducatif basé sur une culture française, mais tournée vers les hongrois. Les cours de hongrois dispensés par le LFB sont validés par le Ministère de l’Education hongroise.

Nous faisons toutes les démarches pour obtenir une reconnaissance option internationale du baccalauréat - langue hongroise. Nous pensons également mettre en œuvre un système adapté pour l’accueil de non francophones et peu francophones en 6ème et 5ème comme cela est déjà le cas dans le 1er degré.

L’enseignement français présente par ailleurs certaines particularités: il favorise l’autonomie des élèves, notamment dans les petites classes, il développe leur esprit critique, et il privilégie un travail de réflexion plutôt que l’apprentissage par cœur.

Nous encourageons également l’ouverture culturelle à travers des rencontres avec des conférenciers. En outre ces rencontres, organisées grâce au soutien de l’Institut culturel français, sont réutilisées pédagogiquement par les enseignants pour rendre plus vivant leurs cours.

JFB: Quels sont les moyens de promotion mis en oeuvre par le LFB ?

RH: Avoir des messages réguliers et associer le lycée à une idée de la culture française, monter des événements dans l’établissement (concerts, spectacles, ...) ouverts à un public extérieur et faire connaître ainsi l’école.

Créer une association des anciens élèves qui nous permette d’accroître notre réseau de connaissances notamment dans le milieu des affaires, profiter de nos liens avec la CCIFH pour présenter notre établissement lors de rencontres thématiques avec des entrepreneurs.

Prendre des contacts avec les écoles maternelles hongroises pour leur présenter les possibilités d’intégrer les enfants à partir du CP.

JFB: Quelques chiffres sur le LFB ?

RH: 1962 : création du LFB

2002 : emménagement du lycée sur le site actuel

614 élèves participent aujourd’hui à la vie du lycée français. Ils se répartissent de la manière suivante : 104 élèves en classes maternelles, 269 en classes élémentaires, 171 collégiens et 70 lycéens.

Ce sont en tout 33 nationalités qui sont représentées cette année au LFB, avec 35% de français, 32% de hongrois, 15% de binationaux hongrois-français, 18% d’autres nationalités.

Cette diversité est un vecteur d’ouverture pour les enfants. Ils vivent au quotidien la multiplicité de notre monde moderne.

Gwenaëlle Thomas

 

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