Opéra: Mefistofele

Opéra: Mefistofele

Arrigo Boito n’avait que 26 ans quand il a achevé son premier et dernier opéra intitulé «Mefistofele». Cette tentative a abouti à un échec. Le jour de la première représentation à la Scala de Milan en 1868, le jeune compositeur italien a dirigé l’orchestre en cumulant les erreurs, tant et si bien que les chanteurs ne pouvaient suivre la musique. Le public est sorti déçu de cette prestation peu glorieuse. Par conséquent, au bout de deux représentations, l'œuvre n’était plus à l’affiche. Finalement Giuseppe Verdi a demandé au jeune prodige de revoir son opéra. Sept ans plus tard, une deuxième version de cette opéra, donnant une note moderne à cet exercice musical, a connu le succès. Mefistofele est l'une des nombreuses œuvres classiques inspirée de la légende de Faust, mais Boito était plus proche de la version de Goethe que ses collègues. Par exemple, Gounaud Faust de Berlioz est probablement plus connu, mais aussi plus conventionnel. Boito a gardé la profondeur philosophique de l’oeuvre originale, avec une vraie réflexion sur la nature humaine.
La programmation de cette version de l’opéra fut également une révélation pour l’Opéra hongrois. Mefistofele fut joué en Hongrie au XIXème siècle, le public étant alors avide d’art contemporain, cependant il a disparu du répertoire de l’Opéra National jusqu’à septembre dernier. Avec ce choix, l’institution vise un public plus jeune, amateur d’oeuvres contemporaines. Cette tragédie lyrique a été mise en scène par l’ancien directeur artistique de l’Opéra, Balázs Kovalik, connu pour ses mises en scène modernes. Les décors de Csaba Antal et les costumes de Mari Benedek sont simples, sobres, mais en même temps spectaculaires. La distribution des rôles - András Palerdi dans le rôle de Mefistofele, le tenor Gaston Rivero dans celui de Faust et Zsusza Bazsinka dans celui de Margherita- est tout simplement judicieuse et très réussie. Les scènes sont dynamiques et leur enchaînement se fait naturellement. Cela prouve à quel point ce genre d’opéra peut survivre et être toujours approprié au XXIe siècle.
Malheureusement Kovalik a été licencié à la demande du ministre, Miklós Réthelyi, l’année dernière, juste avant la première. Le spectacle n’a donc été joué que deux fois en septembre dernier et quatre fois en février. Mais à chaque fois, il a fait salle comble. De plus, selon les rumeurs, Mefistofele fut le premier spectacle de l’Opéra National hongrois pour lequel un critique étranger, souhaitant assister à la représentation, a lui-même acheté son billet et réservé sa chambre d’hôtel, l’Opéra n’ayant pas invité ce journaliste. Il est donc dommage que l’Opéra ait retiré cet événement musical de sa programmation.

Judit Zeisler

Arrigo Boito: Mefistofele
Opéra National
22 Andrássy út, 6e arrt.

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