ERASMUS, une arme contre les aprioris

ERASMUS, une arme contre les aprioris

Le programme européen Erasmus a fêté ses 25 ans. Un quart de siècle d’existence pour ce projet d’échange étudiant marqué par un succès sans cesse grandissant. Un outil essentiel à l’assimilation du sentiment d’appartenance à une communauté de destins.

 

 

La scène est spectaculaire mais en rien inédite. 22H30, une foule massive descend à l’arrêt Jászai Mari tér du tramway n°4. En ce lundi soir, une centaine d’étudiants se pressent à l’entrée du pub le « Morrison II » pour profiter  du tarif exceptionnel valable jusqu’à  23H : 3 bières pour 500 forints. Cette réunion hebdomadaire est incontournable pour la jeunesse continentale. C’est le lieu de retrouvaille après un long week-end passé - pour certains, dans des contrées lointaines.

Le programme Erasmus façonne la jeunesse européenne et constitue une expérience unique. Les chiffres publiés par le Parlement européen attestent de cet engouement. Depuis la première année du projet, lors de l’année scolaire 1987/88 jusqu’à l’année 2007/2008, le nombre d’étudiants a été multiplié par 56,6 passant de 3244 à 182 697 étudiants. Initialement ouvert à onze pays, les états bénéficiaires ont augmenté au rythme de la Construction européenne. Aujourd’hui, les 27 états membres de l’UE, les pays candidats à l’entrée dans l’Union ainsi qu’aux pays membres  de l’espace économique européen (AELE) peuvent prendre part au projet. Actuellement 31 000 français suivent le programme européen. A Budapest, la communauté étudiante française est très importante.

« Loin des clichés ».

A l’annonce du choix de la capitale hongroise, beaucoup de jeunes français ont été  confronté aux questionnements de leurs proches, notamment sur les clichés qu’on attribut facilement à l’Europe de l’Est. Cependant, Mathilde, 19 ans, étudiante à la Budapest Business School affirme : « tous les aprioris, comme la prostitution, le kidnapping, se sont avérés faux. Je me sens plus en sécurité à Budapest qu’à Toulouse ! ». Au fil des mois, les étudiants apprennent à découvrir la Hongrie par eux--même, loin de l’image préfabriquée. Certains s’étonnent du niveau d’Anglais pratiqué par la majorité des hongrois tandis que d’autres se réjouissent du patrimoine culturel qu’offre Budapest. Pour mettre à mal les stéréotypes, le bouche à oreille s’avère particulièrement efficace. Gabrielle confie que son choix n’était pas totalement anodin : « en discutant avec d’anciens étudiants ou camarades qui connaissaient cette ville, j’ai compris que ma décision n’était pas si mauvais que cela. ».

Avec pragmatisme, certains jeunes détaillent  que le choix de la capitale Magyar s’explique aussi par le relatif faible niveau de vie. Mathilde, 19 ans, originaire de Paris avance que: « les loyers sont vraiment dérisoires par rapport à ce que je connais à Paris ». Cependant, les excès peuvent être vite présents au risque de faire exploser le budget mensuel. Mathilde explique que «  le danger, c’est de sortir tout le temps, de manger au restaurant plusieurs fois par semaine car cela semble plus accessible qu’en France ». Pour d’autres, le choix de la Hongrie peut se comprendre par la place centrale qu’occupe ce pays au sein de l’Europe de l’Est permettant ainsi de voyager très facilement. Les « voyages forment la jeunesse » et permettent la création d’une véritable identité communautaire européenne.

Construction d’une conscience européenne commune.

L’essence même de la réussite du programme semble résider dans la découverte de soi-même ainsi que dans celle des autres, renforçant l’idée d’un destin commun au moment où la vie politique européenne semble être éloignée des préoccupations des citoyens.  Gabrielle en est convaincue : « Pour moi, l’Europe est une Europe culturelle et non pas politique. Cette dernière est vaste et m’est presque étrangère. ». Mathilde confirme : « au niveau institutionnel, l’Europe politique est en faillite. Il faut vraiment que ça change ». Cette Europe culturelle plébiscitée ne passe pas par une culture unique mais au contraire par une meilleure compréhension mutuelle des différentes cultures nationales, permettant ainsi d’éveiller la curiosité. Le regard du français sur l’Allemand peut changer, en dépit des aprioris. Guillaume, 22 ans, admet que « ce qui est intéressant, c’est de savoir ce que pensent les gens de nationalité différentes  vis-à-vis des français et ce que nous nous pensons d’eux. ». Rémi affirme que cette expérience est une « porte ouverte sur le Monde ». En effet, les liens créés avec des jeunes de différents pays, outre l’amitié, permettront peut-être de déboucher sur des relations professionnelles.

L’expérience Erasmus, du nom du moine humaniste et théologien néerlandais Érasme (1469-1536) permet en résumé, selon l’intellectuel Vassiliki PAPATSIBA de  « renforcer l’identité européenne, de préparer à la citoyenneté européenne, de prendre conscience des enjeux économiques et socio-politiques communs, de mieux acquérir des connaissances sur des aspects historiques et culturels de l’Europe ». Et de se forger une solide expérience en termes de vie nocturne. Surtout à Budapest. 

Maxime Hanssen

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