L’Enfant d’en haut

L’Enfant d’en haut

Un film émouvant, qui nous laisse perplexe

L’enfant d’en haut est le dernier film d’Ursula Meier. Il sort sur nos écrans Budapestois, tout comme à Los Angeles d’où revient la réalisatrice. Nous l’avons rencontrée après la première.

 

 

C’est dans une ambiance chaleureuse que le Festival a débuté avec la projection de votre film à Budapest.  Comment le public accueille t-il ce film qui sort des thèmes traditionnels? 

Ursula Meier : Je dis souvent que je déteste les normes, les étiquettes, faire des films conventionnels. J’aime bien jouer avec les genres. Ce film est comme un film social à priori et puis, peu à peu, on s’aperçoit que c’est une histoire d’amour entre les personnes. Ça m’intéressait de montrer un autre regard sur la Suisse, un autre que celui dont on a l’habitude, un paradis, C’est un pays très riche, néanmoins, il est aussi vrai que certaines personnes sont en difficulté. Après, selon moi, le film est beaucoup plus universel, ça pourrait se passer n’importe où. L’écart entre les gens de plus en plus riches et ceux qui sont de plus en plus pauvres se creuse. J’ai eu l’idée dans cette topographie de montrer qu’il suffit de lever la tête au cœur de cette plaine industrielle, de suivre la fumée des usines qui se mélange tout là-haut, dans les nuages, et où l’on peut y observer un autre monde. Ce monde des privilégiés qui font du ski, dans cette station très huppés,  ne rencontrent jamais les gens d’en bas. Pour moi, c’est plutôt une fable contemporaine.   

JFB : Aviez-vous décidé dès le départ de mettre en contraste la psychologie des personnages avec celle des deux protagonistes du film ?

U.M. : Absolument. Il y a un contraste entre les deux personnages. Il y a Simon, qui pense que l’on peut s’élever physiquement évidemment, ainsi que socialement et financièrement. Il croit à ça, tandis que sa sœur, Louise, n’y croit plus, elle a démissionné. Avec ce secret, que je vais taire, on comprend que c’est quelqu’un qui a dû se battre contre les hommes, contre les patrons aussi, pour avoir du travail. Elle a beaucoup souffert. Il y a deux parcours très opposés mais c’est une relation intime et très complexe entre eux. Au fond il y a un mensonge qui les relie, et ça les arrange. Il n’y a pas de hiérarchie clairement définie entre eux. C’était une relation qui du point de vue psychologique était passionnant, il n’y avait de référence ni à la littérature, ni à d’autres films. Avec mon co-scénariste on a énormément travaillé sur cette relation, très fine et délicate. Kacey Mottet-Klein incarne le personnage de Simon. Je ne l’ai d’ailleurs pas appréhendé comme un enfant, j’ai vraiment travaillé avec lui comme avec un acteur professionnel.

JFB : Vous avez parlé de votre casting comme d’un drôle de mélange. Comment avez-vous choisi vos comédiens ?

U.M. : Kacey avait déjà joué dans mon premier film avec Isabelle Huppert lorsqu’il était plus jeune. Il n’avait d’ailleurs jamais joué avant. Je l’ai découvert et on a travaillé pendant des mois. Je lui ai tout appris, mais il y a quelque chose de très vivant en lui. Il a un jeu très corporel, il utilise beaucoup son corps et notamment son visage. Léa Seydoux, qui interprète le rôle de sa sœur Louise, est devenue entre temps une grande vedette en France et à Hollywood, où elle a notamment joué récemment avec Tom Cruise. Elle fait vraiment le grand écart entre les grosses productions hollywoodiennes et les films européens, plus intimes. Enfin, avec Gillian Anderson, j’ai réussi à avoir une star qui vient d’une série de la BBC et qui joue parfaitement le rôle de cette mère « phantasme » de Simon. Les deux comédiennes ont adoré mon projet. Mon film a eu la mention spéciale du jury au Festival du film de Berlin, il a eu un accueil formidable.  Juste après il est sorti en France, en Suisse, au Brésil et aux Etats-Unis. C’est à ce propos le plus beau cadeau que l’on puisse vous faire, lorsque vos films sont vus par des gens de pays et de cultures différentes !

Projections prévues également dans les salles de cinéma en dehors de Budapest : le 20 septembre à Szeged, le 27 à Békéscsaba, le 4 octobre à Szolnok, le 11 à Jászberény et le 18 à  Kecskemét

É. V. 

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